Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>La Madonte</em> Auvray, Jean (16..-16..) 1631 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1631_auvray_madonte_dedicace 1631 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À la reine.

Madame,

Je ne doute point qu'on ne trouve Madonte bien hardie de se présenter à vos yeux, pour augmenter le nombre de vos filles, et je m’assure que plusieurs blâmeront son auteur de l’avoir fait naître avec cette ambition. Je sais bien qu’on parlera d’elle comme de ces pièces antiques, qui n’ont rien que leur titre d’agréable et de beau, de sorte que votre nom et votre aveu feront toute la gloire de cette princesse amoureuse : regardez-la, Madame, d’un œil favorable, sans considérer sa bassesse ou son peu de mérite. Le jour luit sur les moindres herbes, et l’aurore donne de la rosée aux plus petites fleurs aussi bien qu’aux grands arbres. Ce n’est pas mon dessein d’imiter ces oiseaux qui ne portent leurs petits qu’entre les palmes, mais seulement ceux qui, cherchant un lieu d’asile et de sûreté, vont s’établir sous le couvert d’un temple. La vertu, qui n’a pas toujours été des dames de la cour, se voit maintenant en un rang qui vous y fait aimer comme deux sœurs, et chacun dit qu’à votre exemple la piété sera bientôt parmi les courtisans une profession publique. Les louanges que vos sujets vous donnent, ne doivent point être suspectes ni douteuses ; ce sont des biens qui vous sont propres dans les pays même étrangers, et l’amour qu’on vous porte, ayant toujours suivi votre renom, n’est pas tout renfermé dedans les cœurs français. Tout le monde répondrait avec moi de cette vérité, que pour vous donner quelque chose digne de vos perfections, il vous faudrait faire l’offre de ces princes d’Orient, c’est-à-dire des présents de Dieu, d’homme, et de roi. Mais si le ciel se laisse regarder dedans le peu d’espace d’un ruisseau, je crois que votre Majesté ne s’offensera point d’être vue en ce livre, et comme le soleil souffre qu’un petit fer sans mouvement découvre aux yeux des hommes ses élévations, et que l’ombre même marque les heures, qui sont filles de la lumière, aussi veux-je espérer que ces excellentes qualités qui vous ont fait reine de France, avoueront les louanges, et les hommages légitimes,

Madame,

De votre très humble, très obéissant et très fidèle sujet et serviteur,

Auvray.