Admirable, et chère princesse,
Nos soins se sont évanouis ;
La santé de votre Louis
A fait mourir notre tristesse,
La seule crainte de sa mort
Nous avait fait perdre le port,
Mais désormais que ces tempêtes
Au gré de notre affection
Ne menaceront plus nos têtes,
Faites-nous dans le calme éclore un Alcyon.
Tout l’État a repris courage
Et se promet bien qu’à la fin
On verra sortir un dauphin,
Du milieu des flots de l’orage,
Plusieurs sachant que votre foi
Vous attachait près de mon roi,
Espéraient de le voir encore
Et disaient en cet accident
Que dedans les bras de l’aurore
Le soleil est bien loin d’être à son occident.
Ce Mars va quitter les alarmes
Et sur les lys de votre sein
Perdre pour un temps le dessein
De penser à ceux de ses armes.
Sa santé dont l’heureux retour
Lui fait voir la clarté du jour
Promet tout à notre espérance ;
L’amour le rendra triomphant
Et fera connaître à la France
Ce qui lui peut venir de la part d’un enfant.
Lorsqu’on voit au front d’une nuée
L’Iris, ce beau jeu du soleil,
Avec un éclat non pareil
Qui contente et trompe la vue,
Cet arc qui paraît et n’est pas,
Nous découvre bien moins d’appas
Que les puissances de votre âme,
Dont les vérittables attraits
Font voir dans un cœur tout de flamme,
Des plus rares vertus les fidèles portraits.
Ces grandes dames que l’Histoire
Que des mémoires si constants
Conservent toujours dans la gloire,
Firent moins que vous d’actions
Dignes des acclamations
De tous les peuples de la terre,
Puisqu’un seul regard de vos yeux
Peut donner la paix ou la guerre,
Plus souverainement que les flammes des Cieux.
Jadis les dieux pour faire naître
La reine de toutes les fleurs
Firent des plus belles couleurs
La pourpre où l’on la voit paraître ;
Ainsi les astres embellis
Pour faire la reine des lys
Ont pourvu son esprit de charmes
De qui l’invincible pouvoir
S’étend aussi loin que les armes
Dont mon prince entretient tout le monde en devoir.