Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Uranie</em> Bridard 1631 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1631_bridard_uranie 1631 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À Mademoiselle de Bourbon.

Mademoiselle,

Cette Uranie vous vient seulement demander votre aveu, s’assurant qu’étant bien près de vous qui possédez tout le mérite du monde, elle ne craindra pas ceux qui n’en eurent jamais que par présomption. Ce qui autorise la hardiesse que je prends de vous l’offrir, c’est que je sais que votre jugement sans égal vous fera croire que je ne puis faire des miracles puisque je suis homme, et que cette qualité me défend l’approche des merveilles. Si votre grandeur veut donner ses heures perdues à l’entretien de ce poème, la diversité de son histoire aussi bien que l’invention du sujet ne vous désagréera point. Vous y approuverez le courage d’une généreuse princesse, qui semble mettre la constance en sa perfection, et ne louerez pas moins la fidélité d’un amant que la vertu d’un prince bien né. Vous y goûterez ce qui y sera de meilleur, et je condamnerai ce qui vous y déplaira. Si vous y trouvez quelque chose de passable, cela sera admirable en l’estime des plus parfaits courtisans qui savent que vous avez un esprit qui prévient votre âge. De moi, j’en puis témoigner, vous ayant ouï réciter des vers avec tant de grâce, en quelques actions, que l’on doutait si un ange empruntant votre beauté ne venait point discourir en terre des merveilles du ciel. Je n’entreprends pas de vous louer, parce que je ne le puis, et que pour ce faire, il me faudrait avoir une façon d’écrire aussi nouvelle que la maison de Bourbon est ancienne, et dire des choses que ceux qui viendront après nous mettraient au rang des impossibilités. C’est ce qui me conseille le silence, qui est le langage de ceux qui admirent. Je me tairai donc, ne voulant employer de paroles que celles qu’il faut pour vous assurer que je suis,

Madame,

Votre très humble, très obéissant et très affectionné serviteur.

Bridard.