À la reine, mère du roi.
Madame,
Quand je considère le souverain degré d’honneur et de gloire auquel votre majesté se voit élevée, qu’elle règne partout, soit par elle-même ou soit par ceux qu’elle a mis au monde, et qu’elle a fait de tout l’univers une province; quand je considère encore cette majesté royale, qui lui est si propre, et si naturelle, qu’elle n’est pas moins éclatante en sa personne, qu’en sa dignité, je me tiens, Madame, dans un certain respect, qui, ce me semble, se rend beaucoup mieux à votre Majesté par le silence, que par la parole. Mais quand je vois que sa bonté n’est pas moindre que sa grandeur, et qu’elle attire de telle sorte les vœux et les hommages, que les grands et les petits croient également que toutes choses lui sont dues, cela, Madame, me donne la hardiesse d’offrir à votre Majesté cette pastorale, qui n’est faite que pour elle, et que toutes sortes de considérations rendent sienne. La mère des dieux était particulièrement adorée en la scène que j’ai choisie. Et les rares qualités d’Amaranthe représentent quelque ombre de celles de votre Majesté, si l’on peut représenter une ombre des choses qui n’en ont point, et qui ne sont que gloire et que lumière. En quoi, je n’ai point d’autre dessein que d’ajouter une voix à sa renommée, et de contribuer à son contentement, tout ce que peut,
Madame,
Son très humble, très obéissant et très fidèle sujet et serviteur,
Gombauld.