Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>L'Argénis</em> Ryer, Pierre Du (1605-1658) 1631 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1631_ryer_argenis 1631 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À très haute et très puissante dame, Madame Louise Henriette de la Châtre.

Madame,

Argénis ne saurait s’empêcher de paraître à vos yeux encore une fois, et quand elle n’eût pas eu ce dessein, il m’eût été du tout impossible de perdre les inclinations qui m’obligent à vous dédier tous mes travaux. Elle vient donc devant vous avec cette assurance que vous ne contredirez pas l’un des meilleurs esprits dont la France ait jamais été honorée, et l’un des plus grands capitaines qui aient paru depuis la naissance de cette monarchie. C’est, Madame, Monseigneur le maréchal de La Châtre votre père, qui en a autrefois parlé en des termes qui ont donné une seconde vie à cette princesse, et qui seraient capables de faire approuver à tous les hommes les louanges qu’elle se pourrait elle-même donner. Mais ce n’est pas son dessein de se louer en votre présence, elle remarque sur votre visage, et dans votre esprit des perfections qui la feraient sans doute rougir de honte, si elle ne savait bien qu’elle a été l’ornement de son siècle, comme vous êtes celui du nôtre, et l’admiration de ceux qui le suivront. Je n’ai pas toutefois la vanité de croire que cette princesse, que je vous présente, possède toutes les beautés qui la pourraient rendre agréable à ces esprits difficiles qui ne trouveraient au monde rien de parfait, s’ils n’avaient l’honneur de vous y voir, mais je veux croire assurément que quand vous l’aurez favorablement reçue, elle passera sans crainte dans les mains de ceux qui la recevront après vous, et que votre nom seulement la rendra plus recommandable que toutes les grâces qu’un meilleur esprit que le mien lui eût peut-être prodiguées. Enfin, Argénis n’espère point de bonne fortune que de vous, et toutefois, après avoir considéré vos mérites, si elle n’était bien assurée de la constance de Poliarque, elle craindrait qu’il ne la voulût quitter afin de se dire, comme je fais,

Madame,

Votre très humble et très obéissant serviteur,

Du Ryer.