Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>L'Aminte du Tasse</em> Le Tasse (1544-1595) 1632 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1632_vion_aminte-tasse 1632 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À Mademoiselle de Bourbon.

Mademoiselle,

Voici un berger qui se présente devant vous pour vous raconter ses aventures. Vous avez trop de bonté pour ne lui pas accorder quelques heures, et peut-être aussi ne trouverez-vous pas son entretien désagréable. Il serait trop heureux, Mademoiselle, de pouvoir tellement gagner vos bonnes grâces que si vous avez encore un jour le dessein de représenter quelque pastorale, vous jugeassiez celle-ci digne de votre choix. Bon Dieu ! Que de princes seraient ravis de vous ouïr faire les plaintes de Sylvie, et que cette bergère tirerait de soupirs après elle, si elle soupirait par votre bouche. Toutefois, Mademoiselle, peut-être ne voudriez-vous pas prendre un si bas personnage, puisqu’il y en a ici de plus convenables à votre naissance. La beauté et la majesté des divinités qui font le prologue et la conclusion de cette pastorale ne sauraient être bien représentées que par vous seule. Encore je ne vois pas comment vous pourriez si bien vous déguiser pour représenter le déguisement d’Amour, qu’on ne vous prît toujours plutôt pour Vénus, sous les habits d’un autre sexe, que pour son fils, sous la forme d’un berger. Le seul personnage donc qui vous resterait, c’est celui de cette mère des grâces, où il vous serait permis de faire éclater toutes les vôtres. Et certes, Mademoiselle, on n’en pouvait pas trouver un qui vous vînt mieux que celui-ci qui finit la pastorale, puisqu’aussi bien après vous avoir vue, on a tout vu. C’est ce que confesse avec tout le monde celui qui est,

Mademoiselle,

Votre très humble, et très obéissant serviteur.