À Madame la duchesse de Longueville.
Madame,
Depuis que j’ai fait le dessein de vous faire voir de mes ouvrages, je l’ai cent fois quitté, et cent fois je l’ai repris. Vos vertus, qui ne vous font avoir que de hautes et sérieuses pensées, m’en ôtaient la hardiesse, et votre bonté, qui vous fait jeter les yeux sur les plus petites choses, me la rendait au même instant. Mais enfin ayant considéré que les règles et les préceptes de la plus sévère vertu ne défendent pas les honnêtes divertissements, je me suis facilement persuadé que Caliste pouvait paraître devant vous. C’est elle, Madame, qui vous vient entretenir de ses traverses et qui vous demande après toutes ses peines une place dans votre cabinet pour y reposer sûrement. Si elle tente de cette façon la dernière et la plus difficile de ses aventures, au moins elle a cette assurance que c’est la plus glorieuse, et que si les autres lui ont fait acquérir l’estime d’un peuple entier, celle-ci lui fera sans doute avoir des applaudissements de tout le monde. L’on jugera de son mérite par l’accueil que vous lui ferez, et pour moi j’aurai sujet de croire que je vaux quelque chose si vous faites état du dessein que j’ai de vous divertir, et de paraître,
Madame,
Votre très humble et très obéissant serviteur.
Du Ryer.