À Madame Boulenger.
Madame,
L’incomparable Dorimène cherchant la voix d’un ange pour apprendre qu’elle en a la beauté, a trouvé la vôtre si charmante, et animée d’une âme si belle, qu’elle aurait cru faire tort à sa réputation, si elle avait cherché hors de vous-même ce que vous possédez uniquement. De sorte que vous êtes obligée de la protéger, et de lui donner de la gloire en publiant son mérite. Elle ne manquera pas de faire paraître ses grâces si vous lui donnez un peu de courage, et à même temps que la renommée parlera de vous, elle racontera la faveur que vous lui aurez faite, et les devoirs qu’elle vous aura rendus. Ses merveilles, quoiqu’elles soient au-delà de l’imagination, avoueront pourtant que les vôtres les surpassent. Et dans la constance qu’elle a pour son Tirsis, elle apprendra à tout le monde celle qu’elle a pour vous estimer. Faites-lui donc l’honneur de la recevoir, et de la conduire cependant que je vanterai partout que le Ciel n’a point de qualités dont il ne vous ait assez pourvue pour donner de l’envie à votre sexe, de l’admiration au reste des humains, et m’obliger à demeurer,
Madame,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
Le Comte.