À Madame la duchesse de Montbazon.
Madame,
Quelque vanité dont la princesse Mélize flatte ses perfections, elle avoue néanmoins qu’elle n’eût osé jamais paraître à vos yeux, n’eût été l’exprès commandement qu’elle en a reçu de votre bouche et la créance qu’elle a que ses appâts ne serviront qu’à donner du lustre aux vôtres, s’imaginant qu’on juge mieux de l’excellence d’une beauté par la comparaison d’une moindre. Elle en pourrait publier les avantages par les mêmes éloges dont ses amants ont si passionnément vanté la sienne durant le cours de ses chastes aventures, mais elle n’ignore pas combien vous est importun le récit de vos propres louanges et principalement de celles qui n’ont qu’un objet dont le temps peut triompher, et n’a pas encore si peu vu la cour qu’elle n’ait ouï la renommée publier partout votre modestie et cette vertueuse maxime que vous observez, qu’il vaut mieux en mériter l’honneur que d’en écouter le récit. Vous remarquerez en elle des qualités et des vertus que vous possédez la première et vous ne louerez pas moins sa constance et sa résolution que le dessein de celui qui vous l’offre, qui est,
Madame,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
R. M. Du Rocher.