Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Les Occasions perdues</em> Rotrou, Jean de (1609-1650) 1635 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1635_rotrou_occassions-perdues 1635 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À Madame la comtesse de Soissons.

Madame,

Outre que j’ai pris avec la naissance, l’honneur d’être votre créature, celui que vous m’avez fait de me voir si souvent de l’œil dont vous voyez les choses qui ne vous déplaisent pas, et l’estime que toute votre maison vous a vu faire de mes ouvrages, me rendent si justement votre obligé, et si passionnément votre serviteur, que votre nom est le plus agréable entretien de ma mémoire, comme votre mérite est la plus belle méditation de mon esprit. En effet quelque éloquente que soit cette vieille fille de l’air qui dispense à son gré les louanges et les mépris, qui fait les héros, et les demi-dieux et qui donne aux rois les plus beaux prix de leurs victoires, je confesse, Madame, que bien qu’elle publie vos louanges en termes si glorieux, que notre cour n’a point de princesse qui la puisse entendre sans jalousie, quand elle parle de vous elle vous loue toutefois trop sobrement et depuis que j’ai l’honneur de vous approcher, je connais qu’elle vous est plus avare que prodigue. Ce grand esprit qui vous fait si clairement discerner nos grâces, et nos défauts, et cette extrême affection que vous avez pour les belles choses, vous rendent aussi considérable que votre naissance et ces qualités jointes à toutes les autres que vous possédez, excitent en ceux qui vous voient tant d’étonnement, et d’admiration qu’ils avouent que ce que la renommée dit de vous est au-dessous de ce qu’on en doit croire. Mais votre modestie condamne déjà la longueur de cette lettre, et je ne croirais pas pouvoir satisfaire à la peine que vous avez prise de la lire à moins que du présent qu’elle vous porte, et du dessein que je fais d’être toute ma vie,

Madame,

Votre très humble, très obligé et très obéissant serviteur et sujet,

Rotrou.