Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Agarite</em> Durval, Jean-Gilbert 1636 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1636_durval_agarite 1636 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À très haute et puissante princesse Anne de Lorraine, duchesse de Genevois, de Nemours, et d’Aumale.

Madame,

Le témoignage que rend le public des pièces de théâtre n’étant bien souvent fondé que sur le bien faire des acteurs, n’est pas une lettre de recommandation pour les faire passer à la postérité. Celle-ci que j’ai l’honneur de présenter à Votre Grandeur, ayant été aucunement bien reçue, semblait ne devoir plus craindre l’injure du temps ni les coups de langue, mais l’approbation de quelques bons esprits durant l’espace de peu d’années n’est pas une marque suffisante pour faire trouver bonne la plus belle poésie, si le travail de la presse ne fait les mêmes effets que l’artifice du théâtre, ce que n’osant me promettre de ce genre de poème, je différais toujours d’en faire mettre les vers en lumière, prévoyant assez qu’une lecture interrompue d’actes et de scènes ôterait la grâce qu’ils peuvent avoir en la bouche des acteurs. Toutefois puisqu’ils n’ont jamais été récités comme les voici, j’ai pensé que mes fautes étant publiques je les devais réparer par cette édition. Que si d’aventure cette occupation d’esprit vous semble peu sérieuse, c’est encore un peu de jeunesse qui n’est pas incompatible avec l’âge viril et pour ainsi dire c’est la plus proche folie de la sagesse. Vous entendez bien, Madame, que je me veux excuser de savoir faire des vers en louant un art souvent incommode, et quelquefois ridicule en ceux qui l’exercent, mais jusqu’ici n’ayant point fait renchérir le papier à force d’écrire, je pense n’avoir employé en ce gracieux travail que certaines heures de récréation. Pourtant quand il s’agira de traiter à bon escient quelque haut sujet qui vous appartienne, encore que les princes de votre maison soient très illustres dans les histoires et que le simple discours de votre généalogie surpasse en magnificence le style des poètes et des orateurs, j’ose vous promettre des pièces de meilleure trempe et de plus longue haleine. Alors, pour faire admirer à tout le monde les ducs et les chevaliers d’Aumale, je tracerai volontiers un plus grand dessein ; les noms de Nemours et de Genevois me fourniront de hautes pensées et, sans méditer rien de fabuleux, j’imaginerai peut-être de si nobles fictions qu’elles seront respectées pour l’amour de vous et me feront connaître,

Madame,

De Votre Grandeur,

Très humble et très obéissant serviteur,

Durval.