Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Eurimédon</em> Mary, Nicolas (1610?-1652) 1637 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1637_desfontaines_eurimedon_dedicace 1637 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À Mademoiselle de Vertus.

Mademoiselle,

Voici des étrangers qui viennent des extrémités de la Grèce, et qui, attirés par la réputation de vos mérites, souhaitent de s’acquitter des hommages qu’on doit à votre vertu. Si vous daignez prêter l’oreille au récit de leurs aventures, vous ne les estimerez pas indignes de votre entretien, et je m’assure que vous leur ferez un favorable accueil quand vous saurez qu’ils sont princes, et que par des actions qui ne dégénèrent point de leur naissance, ils vous auront fait voir dans le tableau de leur vie, les images de tant de héros que votre illustre maison a donnés à la France. Je parlerais de vos augustes devanciers, François, Odet, et Charles de Bretagne qui, sortis des anciens ducs de cette belle province, se sont montrés dignes surgeons d’une tige si glorieuse, et en ont conservé la gloire dans votre famille, qui en porte encore des marques aussi durables que célèbres. Je parlerais des notables services qu’ils ont rendus à l’État par les effets de leur fidélité et de leur courage, si ce n’était publier des choses qui ne sont inconnues qu’aux barbares, et vouloir comprendre dans une lettre ce qui mérite des volumes entiers. Je dirai seulement que ces deux grands rois Charles VIII et Louis XII ont honoré vos ancêtres du glorieux titre de frère, et qu’en mille occasions ils ont confirmé cette qualité avantageuse qu’Anne de Bretagne, digne épouse de ces deux monarques, leur avait légitimement acquise. Cette considération, Mademoiselle, et celle de votre mérite particulier ont fait résoudre deux rois de venir aussi vous rendre les honneurs que vos aïeux ont autrefois reçus, et admirer en vous une majesté qui, leur faisant oublier la leur, les force d’avouer que vous seriez incomparable, si le Ciel ne vous avait donné une sœur qui partage avec vous les inclinations de tout le monde. La renommée, qui a rempli l’univers de cette vérité, a donné de la jalousie aux plus belles de votre sexe, et de l’admiration aux plus parfaites, mais vous donnerez de l’étonnement à notre Eurimédon et à sa Pasithée, quand vous leur ferez connaître que la beauté et la gentillesse des dames de France emportent le prix sur celles de la Grèce, et de toutes les nations de la terre. Aussi n’est-ce pas leur dessein de vous disputer cet avantage, mais seulement d’avoir l’honneur de vous entretenir, afin qu’après cette faveur ils puissent être les paranymphes de vos merveilles, par la voix de celui qui a pris la hardiesse de vous les présenter, et qui désire être toute sa vie,

Mademoiselle,

De votre grandeur,

Le très humble et très obéissant serviteur,

Desfontaines.