Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Alizon</em> Discret, L.-C. 1637 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1637_discret_alizon 1637 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

Aux jeunes veuves et aux vieilles filles.

Belles dames, à qui la nature et l’honneur ne peuvent permettre de donner l’aliment nécessaire à vos consentements, les unes par la perte de vos maris, et les autres pour n’oser goûter l’excellence du fruit de vie qui donne naissance aux créatures raisonnables, voici Alizon Fleurie veuve, et sa sœur Vieux Taudis, fille âgée de soixante ans, qui, dans l’extrémité des déplaisirs que vous pouvez concevoir, faute d’avoir la jouissance de l’instrument le plus utile à la constructure d’un corps agissant sous la figure d’un homme, viennent, par l’exemple de leur vie et de leur patience, vous montrer le miroir sur lequel il faut, Mesdames, que vos esprits se conforment, que vos vertus se règlent, que votre prudence se mire, et que vos actions se fassent, afin de trouver des partis dignes de votre longue attente. C’est le parfait modèle d’une vieille et vertueuse amitié, recherchée de la noblesse, de la justice, et du tiers-état, dans la contemplation de laquelle vous trouverez la vérité du proverbe qui dit que dans un vieux pot on fait souvent de bonne soupe, vu qu’après une infinité de traverses qui ont accompagné la fuite de leurs années, elles ont heureusement rencontré le palais de la félicité, dans lequel elles sont entrées par la possession de deux parfaits amants, qui les faisant jouir du bien si longtemps attendu, ont encore fait naître l’occasion des avantageux mariages des trois filles d’Alizon Fleurie. Il faut, Mesdames, que vous n’espériez pas une moindre récompense de votre ennuyeuse attente, et que vous croyiez que ce temps qui court n’est que pour atteindre le bonheur qui vous est réservé, et dont quelque jour le Ciel vous donnera une entière jouissance. C’est ce que souhaite avec passion,

Mesdames,

Votre très humble et affectionné serviteur,

L. C. Discret.