À Madame, Madame la marquise de Pesé.
Madame,
Ce n’est pas ici le présent dont je m’étais obligé, et je devrais au lieu de cette comédie vous envoyer cet immortel ouvrage dont vous serez la matière. Vu que dès l’abord que j’eus l’honneur de vous faire la révérence la première fois, les merveilles que je vis en votre visage m’imposèrent une secrète loi de les publier, et de faire d’elles un de ces tableaux parlants, où les dames voient ce qu’elles sont, bien mieux que dans leurs miroirs. Mais, Madame, il y a bien loin des grands desseins à l’exécution ; je me serais déjà acquitté de cette dette envers une moindre beauté que la vôtre, mais il faut que les louanges soient proportionnées à leurs sujets, et je ne sais point de paroles si belles que vous ; peut-être que le temps et l’étude m’en apprendront, et en attendant, Madame, prenez la peine de vous divertir avec ma Céliane, et de juger par elle si je dois espérer de réussir à ce grand poème où je veux dire aussi éloquemment à toute la France ce que vous êtes, que véritablement je vous vais dire ici que je suis,
Madame,
Votre très humble, et très obéissant serviteur,
Rotrou.