Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Lucrèce</em> Ryer, Pierre Du (1605-1658) 1638 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1638_ryer_lucrece 1638 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À Mademoiselle, Mademoiselle de Vendôme.

Mademoiselle,

C’est assez que vous ayez une fois loué Lucrèce pour me faire espérer que vous lui ferez un accueil favorable. Vous ne pouvez rien approuver qui ne mérite des éloges, et il me semble qu’on ne vous saurait faire de plus agréables hommages que des choses que vous estimez. Ainsi, j’ai rompu tous les obstacles qui pouvaient m’empêcher de vous l’offrir. Votre estime a été plus forte que ma timidité, et je m’imagine enfin qu’il n’est pas moins glorieux d’être approuvé de vous que d’atteindre à la perfection. À qui devais-je plutôt présenter Lucrèce, et plus justement consacrer cette image de la vertu qu’à la vertu même ? C’est en vous, Mademoiselle, qu’elle a voulu se rendre visible, et que nous la contemplons avec tous ses charmes. Vos beautés et les siennes font un mélange si merveilleux qu’il n’est pas malaisé de la reconnaître en vous, ni de vous reconnaître en elle. Il ne faut plus consulter les philosophes pour apprendre qu’elle est adorable, il faut seulement vous considérer. Et c’est ici que l’on peut dire que jamais la vertu ne fut plus belle, et que jamais la beauté ne fut plus vertueuse. Mais quand je regarde cet éclat qui vous environne, et qui vient autant de vos autres qualités que de votre grandeur, il faut que je confesse que mon présent me tombe des mains, et que si votre bonté ne m’aidait à le relever, je n’aurais pas assez d’assurance pour l’exposer à vos yeux. J’espère donc, Mademoiselle, que cette même bonté vous obligera de le recevoir, et qu’elle fera paraître encore que [vé]ritable grandeur ne fut jamais méprisante. Je suis,

Mademoiselle,

Votre très humble et très obéissant serviteur,

Du Ryer.