Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>L'Amour tyrannique</em> Scudéry, Georges de (1601-1667) 1639 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1639_scudery_amour-tyrannique 1639 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À Madame, Madame la duchesse d’Aiguillon.

Madame,

C’est plutôt par l’impatience publique, que par ma propre inclination, que je me porte à faire imprimer cet ouvrage que je vous offre. Car après la gloire qu’il eut d’être représenté quatre fois devant Monseigneur et devant vous, après les choses que son Excellence en a dites en présence de toute la cour, après l’honneur qu’elle m’a fait, de vouloir avoir ce poème en manuscrit dans son cabinet, et après le rang que vous lui avez donné tout haut, parmi ceux de cette nature, ma plus ardente ambition est tellement assouvie qu’elle ne trouve rien à désirer. Certes, si celui qui disait « qu’un homme lui était tout un théâtre », eût eu comme moi le grand cardinal et l’incomparable duchesse d’Aiguillon pour approbateurs, il n’aurait pas enfermé sa pensée dans des bornes si étroites. Et sans doute il eût dit, aussi bien que moi, que ces deux illustres personnes lui auraient tenu lieu de tout le monde. Aussi puis-je assurer, Madame, que ni Monseigneur, ni vous n’aurez pas sujet de me demander : « pour combien nous comptes-tu ? », comme un grand capitaine à l’un des siens, qui s’étonnait du nombre des ennemis, puisqu’il est vrai que je vous regarde et l’un et l’autre comme si vous étiez toute la terre, et qu’après vous avoir satisfaits, je suis pleinement satisfait moi-même. Je dis pleinement satisfait, Madame, pour ce qui touche ce poème, car il est certain qu’à parler plus généralement, je ne le serai jamais, jusqu’à tant que par mille soins, et par mille devoirs, je puisse être assez heureux, pour vous obliger à croire que je suis,

Madame,

Votre très humble, et très obéissant serviteur,

De Scudéry.