Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>La Descente d'Orphée aux enfers</em> Chapoton, François 1640 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1640_chapoton_descente-orphee 1640 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À Madame, Madame d’Aurillac.

Madame,

L’approbation que vous avez donnée au malheureux Orphée lui a persuadé que, vous étant agréable, il pouvait mépriser la mauvaise fortune qui l’a poursuivi jusques au dernier jour de sa vie, et que votre maison lui serait un asile contre les traits sanglants de cette détestable envie, à qui les plus parfaits paraissent vicieux, et qui traînant hors de son antre la discorde et la haine, ses horribles sujets, fait des plus fortunés des objets de pitié. Il connaît quelle vertu vous défend de cette commune ennemie du monde et que, même contre son propre naturel, elle est contrainte de louer en vous ce qu’elle blâme en toutes les autres. Il sait qu’elle n’a jamais remarqué de défaut en votre personne, et que le ciel vous donne au jour de votre naissance toutes les excellentes qualités qui sont nécessaires pour former des âmes illustres, et même admire avec quelle générosité, réparant la faute que commit votre sexe en lui donnant la mort, vous lui rendez la vie par l’estime que vous en faites. Madame, ce bienfait ne sera pas reçu avec ingratitude ; vous obligez tous ces excellents personnages de qui la France adore les écrits en protégeant le grand maître de la poésie ; leurs veines ne demeureront pas inutiles, et le monde saura éternellement par eux que la beauté et la vertu qui furent si contraires se rencontrent en vous, et je mériterai l’honneur de joindre ma voix à leurs éloges, si vous agréez l’offre que je vous fais ; ainsi je m’estimerai heureux d’avoir produit un ouvrage qui peut-être sera capable de vous plaire, comme je serai toujours dans le dessein d’être,

Madame,

Votre très humble, et très obéissant serviteur,

D. C.