Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Alcionée</em> Ryer, Pierre Du (1605-1658) 1640 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1640_ryer_alcionee 1640 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À Madame, Madame la duchesse d’Aiguillon.

Madame,

J’ai toujours appréhendé que cet ouvrage ne ressemblât à ces peintures qu’il faut voir seulement de loin, mais il semble que je ne doive plus douter de son mérite, puisqu’il a plu à son Éminence, et qu’après lui avoir donné des louanges, elle lui a donné une place parmi les ornements de son cabinet. Car si les moindres choses tirent leur estime de l’opinion des hommes, il ne faut point douter de leur prix quand elles sont estimées par le plus grand esprit de la terre. Ainsi, Madame, si j’ai fait en tremblant le dessein de vous présenter Alcionée, je l’exécute aujourd’hui sans crainte. Et certes lorsque son Éminence me fit l’honneur de me commander de lui porter cet ouvrage, et de vouloir encore que je lui en fisse la lecture après l’avoir vu représenter tant de fois, je crus qu’elle autorisait mon entreprise, et qu’elle me rendait l’assurance que la crainte m’avait ôtée. D’ailleurs, Madame, quand vous donniez à ce poème de si favorables applaudissements, il me semblait que vous lui donniez des beautés, et que vous le rendiez digne de vous être offert. Vous vous laissâtes toucher par l’aventure d’Alcionée, vous plaignîtes son infortune, et qui a pitié d’un malheureux, ne montre-t-il pas clairement qu’il en veut prendre la protection ? Ne trouvez donc pas étrange que je vous en fasse ressouvenir, et que je cherche un appui que votre bonté semblait m’offrir d’elle-même. Comme vous avez cet avantage de ne vous repentir jamais de vos jugements, et qu’on admire l’égalité de votre âme entre tant de vertus dont elle est remplie, j’espère que vous ne dédaignerez pas ce que vous avez une fois approuvé, que vous me continuerez l’honneur dont vous avez commencé de me favoriser, et qu’à tant de grâces, qui font aujourd’hui toute ma gloire, vous ajouterez la permission de me dire,

Madame,

Votre très humble, et très obéissant serviteur,

Du Ryer.