Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Parthénie</em> Baro, Balthasar (1600?-1650) 1642 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1642_baro_parthenie 1642 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À très puissante et souveraine princesse Anne Marie Louise d’Orléans, fille unique de Monseigneur frère du roi, souveraine de Dombes, dauphine d’Auvergne, duchesse de Montpensier, etc.

Mademoiselle,

Sachant jusqu’où va l’esprit de votre altesse royale, et combien il a d’excellentes qualités, je ne puis que je ne rougisse en lui présentant un ouvrage si peu digne de l’entretenir. Votre mérite fait toute ma honte, et certes quand je considère qu’en un âge si tendre vous avez des connaissances qu’à peine les plus assidus à l’étude possèdent après un travail de beaucoup d’années, il faut que je confesse ou que vous êtes née pour notre confusion, ou que la nature réservant pour les personnes de votre naissance des trésors tous particuliers, vous a prodigué des biens dont elle est avare pour tous les autres. Je croirais toutefois, Mademoiselle, trahir en quelque sorte la vérité si j’attribuais tous les avantages qui vous enrichissent à la seule grandeur du sang dont vous êtes issue, et si je ne disais que, quelque glorieux qu’il soit, il n’a pas fait tout seul les perfections qui vous rendent admirable. Les veilles de Madame de Saint-George et les soins non pareils que cette illustre gouvernante a mis à vous élever, y ont contribué tant de choses que sans une flatterie criminelle on ne saurait vous persuader que vous n’ayez point eu besoin de ses enseignements ni de ses exemples. Il est vrai que vous avez si heureusement profité des uns et des autres que j’en dois tirer une nouvelle matière de vous louer, et publier hautement qu’un naturel moins doux et moins riche que le vôtre n’aurait pu acquérir en si peu de temps les lumières dont vous brillez, ni les vertus qui vous font nommer aujourd’hui la merveille de notre siècle. Ce n’est point sur le rapport d’autrui, Mademoiselle, que je fonde le jugement que je fais de vous : depuis le temps que Monseigneur le cardinal de Richelieu daigna favoriser la passion que j’avais d’être à votre altesse royale, et qu’outre un nombre infini d’autres bienfaits il plut à ce grand ministre de me procurer l’honneur d’être de votre maison, j’ai été le fidèle témoin de vos déportements, et je puis dire qu’il ne s’est rien passé dans le cours de votre vie qui ne m’ait ravi d’étonnement et d’admiration. Que s’il est possible qu’il se rencontre quelqu’un assez ignorant de ce que vous êtes et de ce que je suis pour trouver vos louanges suspectes en ma bouche, qu’il se donne pour un seul moment l’honneur de vous approcher, je suis assuré que toutes vos actions passeront auprès de lui pour des miracles, et qu’il sera contraint d’avouer que je n’ai pas été moins véritable en tout ce que j’ai dit que je le suis quand j’ose protester,

Mademoiselle,

Que je suis de votre altesse royale,

Très humble, très obéissant et très fidèle serviteur,

Baro.