Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Le Martyre de sainte Catherine</em> Puget de la Serre, Jean (1600-1665) 1643 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1643_puget_martyre-sainte-catherine 1643 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À Madame, Madame la chancelière.

Madame,

Ce n’est point à votre grandeur à qui je dédie cet ouvrage : votre mérite me l’arrache des mains, mais si doucement que lui-même me contraint d’en aimer la violence. Il est vrai, Madame, que dès le moment que j’eus la pensée de la faire, je me résolus à vous l’offrir, mais comme en ce dessein la force de votre esprit et la faiblesse du mien me rendaient également respectueux et timide, il fallait de nécessité que votre vertu qui en était l’objet me violentât en quelque sorte pour le mettre au jour que vous lui donnez. Sa piété a tant de rapport à la vôtre qu’on peut dire que de tous les divins exemples de perfection qu’il expose en public, vous nous en faites voir aujourd’hui les plus belles pratiques. En effet, Madame, on peut lire dans vos actions de même que dans ce livre tous les sages préceptes qu’il nous saurait enseigner, et comme en cela vous joignez encore les effets aux paroles, on n’a qu’à vous suivre, et à vous imiter pour se rendre accompli en toutes choses. Qui n’a pas ouï parler de cette grande charité que vous professez en secret pour le public, quoiqu’elle ne cherche que l’ombre des prisons, comme si elle appréhendait d’être connue ? Qui peut douter de votre bonté si elle s’intéresse toujours pour le soulagement des misérables, et qui ne connaît pas votre sagesse dans l’heureux emploi de vos occupations, n’ayant pour objet que la gloire de Dieu et l’utilité du prochain ? Et ce sont ces vérités, Madame, qui m’ont servi de commandement absolu pour m’acquitter de ce que je vous devais avec tant de justice, et pour faire connaître à toute la terre qu’une vertu éminente comme la vôtre sait l’art de forcer les volontés, quelque libres qu’elles soient, à lui rendre les honneurs et les respects qui lui appartiennent. Mais certes, Madame, cet avantage me demeure dans la contrainte qu’elle exerce aujourd’hui sur moi de l’avoir prévenue de mes souhaits, étant bien aise d’avoir rencontré l’occasion où je puisse vous témoigner publiquement, comme je fais, que je suis sans intérêt, et serai toute ma vie avec passion,

Madame,

Votre très humble et très obéissant serviteur.

Puget de la Serre.