Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Le Triomphe des bergers</em> Jacquemin, Louis (1590-1652) 1646 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1646_donnet_triomphe-bergers 1646 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À la reine du ciel et de la terre, très grande, très haute, et très puissante princesse.

Bien que l’inestimable Trinité vous eût élevée au plus haut degré d’honneur de tous les mortels, en vous faisant mère du Verbe éternel, néanmoins votre très grande humilité fit que vous ne dédaignâtes point la visite des pauvres bergers, ni leurs présents, et façons de faire rustiques. Cette considération, Madame, a donné le courage, ou plutôt la témérité à ma plume, qui est la moindre de la France, de prendre un vol jusques en la Palestine pour recueillir ces mêmes pastoraux, et après les avoir revêtus de leurs pauvres habits, les faire voir aux habitants de mon village, afin que la patience que vous eûtes à votre très chère compagnie en la misère de l’étable, fût un antidote aux calamités que les pauvres villageois souffrent durant ces fâcheuses guerres. Et leur dévotion a été si grande envers ce sacré mystère qu’ils m’ont fait résoudre, contre ma volonté, de les faire voir au public, quoique très mal vêtus, et ce pauvre habit fera que je ne les dédierai pas aux grands du monde – ils tiendraient ce présent à mépris –, ni ne les conduirai pas aux plus beaux mausolées que les grandes cités vous ont dédiés. Ils ne paraîtraient pas bien là, ce sera au pied, et à l’ombre de votre orme de Banelles où je les consacre, moyennant votre bon plaisir, car c’est là où ils seront mieux reçus, puisque pour de fort petits présents, vous y faites de si grandes merveilles, et si vos saintes faveurs me font la grâce de les avoir à gré, je prendrai en patience et de bon cœur tous les blâmes qu’on m’attribuera pour ne les avoir ornés à la mode.

Je vous supplie donc très humblement, très admirable et très haute princesse, de les recevoir avec la même douceur que vous les reçûtes en Bethléem jadis, et moi, quoique très grand pécheur,

très grande, très haute et très puissante princesse,

pour votre très humble,

L. Jaquemin.