Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Aimer sans savoir qui</em> Ouville, Antoine Le Métel d' (1590?-1656?) 1647 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1647_ouville_aimer-sans-savoir 1647 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À Madame la marquise de Saint-Germain.

Madame,

Quoique je ne sois point connu de vous, si ce n’est peut-être par un nom qui n’a rien de recommandable pour mériter l’honneur d’une si précieuse connaissance, et que de mon côté je ne vous connaisse que par l’éclat de votre vertu qui ne brille pas moins dans le monde que celui de votre beauté, je ne laisse pas de m’adresser à vous avec autant de confiance et de hardiesse que si je pouvais ajouter quelque chose à votre gloire, ou que si je me sentais nécessaire à votre service. Il suffit, Madame, de se présenter à vous pour être assuré de l’honneur de votre protection, et c’est ce qui m’a fait espérer que vous ne la dénierez pas à ce petit ouvrage que je vous présente. Vous êtes fille d’un père généreux et bienfaisant, qui a imprimé dans votre âme avec les caractères de sa haute naissance ceux de sa douceur et de sa bonté ; vous avez pour mère la meilleure et la plus vertueuse de toutes les femmes, et l’on remarque justement les mêmes qualités en votre époux, qui en possède encore de plus éclatantes. Pourquoi donc, Madame, tremblerais-je en vous abordant ? Pourquoi manquerais-je de courage et de confiance puisque, de quelque côté que je vous aborde, je ne vois que générosité, que vertu, que douceur, et que bonté ? Cette haute réputation que vous avez si justement acquise, et qui vous rend si célèbre dans Paris et dans la cour, dont vous faites un des plus beaux ornements, s’est étendue jusques aux provinces les plus éloignées, mais particulièrement dans la nôtre, où le nom illustre des Bailleuls a pris racine, et où il est révéré depuis tant de siècles, comme provenant d’une des plus fameuses tiges de l’univers. On vous admire en ces provinces, Madame, de la même sorte que les aveugles font le soleil dont ils sentent la force, sans avoir vu sa lumière. On vous adore sans vous connaître comme une divinité, qui ne mérite pas moins des autels aux lieux où elle n’est pas visible qu’en ceux qu’elle rend heureux par sa présence. On vous aime enfin, s’il est permis d’user de la liberté de ce mot, sans savoir qui on aime en vous. Et c’est pour le respect de cette conformité que j’ose mettre à vos pieds le titre de mon ouvrage. S’il reçoit de vous une œillade favorable, il sera plus heureux que tous les dieux de la terre que vous avez méprisés, lors même qu’il vous pouvait être permis de les regarder, mais il n’ose pas, Madame, se promettre une si haute fortune, ce sera bien assez si vous permettez qu’il vît le monde sous l’aveu de ce nom illustre et glorieux que je crains d’avoir pris en vain, et si vous souffrez que je me dise avec plus de respect que personne du monde,

Madame,

Votre très humble et très obéissant serviteur,

D’Ouville.