Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Judith</em> Girard-Bouvot, Antoine 1649 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1649_bouvot_judith 1649 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À très modeste et très pieuse damoiselle Jacqueline Pascal.

Mademoiselle,

C'est aux pieds de votre génie que je conduis ce petit et premier essai de mes transports. Judith toute belle, toute chaste et toute pleine de vertus héroïques vous a recherchée pour son hôtesse, non pas jusques à tant qu'elle ait coupé la tête à Holopherne, mais pour le reste de ses jours, et dans l'établissement de sa renommée. Elle a cru que ne lui dénierez pas cette grâce et, qu'étant de votre sexe, vous la recevriez avec facilité, elle et son conducteur, qui, d'une respectueuse crainte et soumission, vous la présente, mais d'un style si plat et si simple qu'il craint que vous ne le rejetiez d'abord, comme une chose mal accommodée. Peut-être aussi trouverez-vous la simplicité et naïveté des paroles produites en ce petit ouvrage convenables auxpersonnes qui font l'ornement de cette scène, et pour mieux parler, c'est qu'il s'est licencié à suivre et à s'abandonner de rendre conforme le français au sens littéral du latin. Mademoiselle, si ma témérité s'est élevée jusques à ce point que, sans connaître l'élévation de vos belles et rares qualités, je vous aie recherchée pour ma protectrice, c'est que j'ai cru que cette douceur et bonté qui paraît sur votre visage me pardonneraient facilement ma présomption. Et puis, quelqu'un aurait-il la hardiesse d'injurier cette petite pièce, voyant à son entrée une bien-aimée du Parnasse, sans avoir la crainte d'être fulminé par un trait de votre main ? Peut-on s'attaquer à une chose protégée qu'on ne s'attaque à même temps à son protecteur ? Et n'ai-je pas raison que de me jeter entre vos mains en vous consacrant les premières agitations de mon esprit ? Ce serait un lâche et il aurait l'âme bien faible, quiconque s'attaquerait à ce sexe que tous hommes doivent respecter. Il faut que les hommes soient hommes, et qu'ils rendent toute sorte de soumissions au sexe débile. Je ne craindrai donc point, étant sous votre conservation, et, laissant Judith en de si bonnes mains, je la quitterai avec autant de joie et de satisfaction comme je suis,

Mademoiselle,

votre très humble et très obéissant serviteur, Girard-Bouvot.