À M. M. M. M.
Madame,
C’est vous rendre un hommage bien secret que de vous le rendre ainsi, et je m’assure que vous aurez de la peine vous-même à reconnaître que c’est à vous que je dédie cet ouvrage. Ces quatre lettres hiéroglyphiques vous embarrasseront aussi bien que les autres, et vous ne vous apercevrez jamais qu’elles parlent de vous jusqu’à ce que je vous les explique. Alors vous m’avouerez sans doute que je suis fort exact à ma parole, et fort ponctuel à l’exécution de vos commandements. Vous l’avez voulu, et j’obéis ; je vous l’ai promis, et je m’acquitte. C’est peut-être vous en dire trop pour un homme qui se veut cacher quelque temps à vous-même, et pour peu que vous fassiez de réflexion sur mes dernières visites, vous devinerez à demi que c’est à vous que ce compliment s’adresse. N’achevez pas, je vous prie, et laissez-moi la joie de vous surprendre par la confidence que je vous en dois. Je vous en conjure par tout le mérite de mon obéissance, et ne vous dis point en quoi les belles qualités d’Andromède approchent de vos perfections, ni quel rapport ses aventures ont avec les vôtres ; ce serait vous faire un miroir où vous verriez trop aisément, et vous ne pourriez plus rien ignorer de ce que j’ai à vous dire. Préparez-vous seulement à recevoir, non pas tant comme un des plus beaux spectacles que la France ait vus, que comme une marque respectueuse de l’attachement inviolable à votre service, dont fait vœu,
Madame,
Vous très humble, très obéissant, et très obligé serviteur,
Corneille.