Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>La Belle Plaideuse</em> Boisrobert, François de (1592-1662) 1655 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1655_boisrobert_belle-plaideuse 1655 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À Madame de Ris, première présidente du parlement de Nomandie.

Voici la première Belle Plaideuse qui par faveur ait trouvé de l’accès chez vous, et on y rend justice à toutes les autres, et on y regarde toujours d’un œil égal leurs mérites et leurs défauts pourvu qu’il ne s’en rencontre point dans leur cause ; cette aventure est certainement assez bizarre, et je ne doute point que la postérité n’ait quelque peine d’y ajouter foi. L’Illustre moitié d’un grand magistrat de qui le père, l’oncle, et les aïeux ont possédé avec un éclat et une réputation admirable les premières charges de deux parlements célèbres, et qui hérite de leur candeur et de leur intégrité comme de leurs biens et de leurs honneurs, la femme, dis-je, du plus incorruptible de tous les juges, commence d’aujourd’hui seulement à se laisser corrompre par l’homme du monde le plus passionnément amoureux de sa gloire, et de la justice de son époux. Vous avouerez toutefois, Madame, que cette corruption est tout à fait innocente, puisque non seulement Monsieur le premier président m’a donné la hardiesse de l’entreprendre, mais qu’il a eu encore assez de bonté pour m’aider lui-même à vous abuser. Vous connaissez la passion que j’ai depuis fort longtemps de vous dédier quelqu’un de mes ouvrages, et n’ayant que des comédies à vous présenter, vous m’avez permis de vous choisir celle-ci comme la plus enjouée, et avez jugé que si elle n’était assez fertile en belles pensées pour remplir solidement votre esprit, elle serait au moins assez gaie pour le réjouir. Je n’ai donc plus à me justifier devant vous, Madame, d’une si téméraire entreprise puisqu’en quelque façon vous l’avez fait naître ; d’ailleurs, ce petit ouvrage étant né à l’ombre de vos belles palissades de Charleval, dont vous m’avez témoigné que vous aimiez assez les fruits, je ne vous présente que ce qui est déjà à vous, et je suis bien aise que le monde voie que ce n’est pas tant un présent qu’une restitution que je vous fais, et que ce petit don même n’est pas tant un effet de mon impuissante volonté que du droit que vous avez sur elle. Quand avec ce que j’ai de plaisant et d’enjoué, je vous consacrerais ce que j’ai de plus sérieux et de plus grave, vous savez bien, Madame, que je ne vous offrirais rien encore qui fût digne de vous ni de la passion avec laquelle je veux paraître,

Madame,

Votre très humble et très obéissant serviteur,

Boisrobert, Abbé de Châtillon.