Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Sésostris</em> Pascal, Françoise (1632-1680?) 1661 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1661_pascal_sesostris 1661 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À Madame, Madame, la marquise de la Baume, etc.

Madame,

Le prince Sesostris sent bien moins d’empressement de se faire voir en France que de gloire d’être dans votre estime. En effet, dès qu’il reçut cet honneur, il se persuada de n’être pas indigne de paraître sur un théâtre d’honneur comme sur un trône, pour tâcher de se rendre plus agréable à vos yeux. Mais pourtant, Madame, s’il ose appeler ce jour celui de son triomphe, il confesse que votre illustre présence lui donna tout l’éclat qui lui manquait. Et quoiqu’il dût souffrir mille jugements différents de ceux qui virent son entrée en cette ville, toutefois le favorable accueil qu’il reçut de votre généreuse courtoisi, lui fit négliger toutes les considérations qui pouvaient divertir son dessein, puisque l’honneur de vous plaire était en cette rencontre l’unique objet de son ambition. Aussi, cette pensée le fit marcher d’un pas plus superbe et plus assuré. Mais quelques plaisirs qui l’aient pu flatter parmi ces magnificences, il avoue qu’il n’en a point de plus doux que de considérer cette grandeur héroïne qui est l’âme de toutes vos actions : il sait que, comme sa naissance est royale, la vôtre pourrait être telle, si les couronnes étaient encore de notre temps le partage de la vertu, puisque celle des héros de qui vous tenez l’être en avait le mérite, aussi bien que la vôtre. Il voit que les grâces qui, dans le sentiment de nos poètes, ne vont pas seules, ne firent jamais une plus belle union que dans votre personne illustre et, dans l’agréable transport qui le ravit, il ne peut qu’il ne s’écrie, parmi la foule de tant d’admirateurs de vos perfections, que vous êtes le plus bel et le plus excellent ornement de notre sexe, puisque le ciel semble vous avoir donné à vous seule avec profusion toutes ces précieuses qualités qu’il ne distribue aux autres que séparément, et d’une main beaucoup moins libérale. C’est ce que j’avais à vous dire, Madame, de la part de ce prince, mais souffrez, s’il vous plaît, que de la mienne je vous supplie avec une soumission très respectueuse que je me qualifie,

Madame,

Votre très humble, et très obéissante servante,

Françoise Pascal.