À Madame la marquise de Piennes.
Madame,
Balthazar mon prince malheureux ne se présente pas à vous pour vous faire peur : c’est un mort qui doit apprivoiser toutes celles qui vous ressemblent. J’ose même dire que si les foudres de Dieu ne sont à craindre qu’aux impies, vous avez en sa personne de quoi vous assurer entre toutes les illustres. Le ciel vous a comblée de tant de grâces et pour le corps et pour l’esprit, et vous en avez été si reconnaissante envers l’auteur adorable d’une si grande fortune que ses premières faveurs n’ont servi que de motif à vos seconds mérites. Vous avez si bien usé des biens qu’il vous a faits que vous avez droit d’en espérer de plus considérables. Tout Paris admire que vous ne demeurez attachée au monde que pour en être plus près, et pour lui communiquer vos assistances. Vos libéralités sont venues jusques à moi, et quoique ce ne soit pas une seule vertu qui vous attire cet hommage, j’ose vous protester, Madame, que c’est cette généreuse magnificence qui m’oblige de vous faire un remerciement au nom de tout le public. Et je veux bien croire en vous offrant un tel ouvrage, qui a l’approbation d’un assez grand nombre de beaux esprits, que vous ne blâmerez pas ma hardiesse, et même que vous agréerez que je sois désormais avec autant de fermeté que vous avez de mérite,
Madame,
Votre très humble, très obéissant, et très fidèle serviteur,
De Charenton.