Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Les Galants ridicules</em> Chevalier, Jean Simonin, dit (16..-1674) 1662 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1662_chevalier_galants-ridicules 1662 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

A Mademoiselle M. M.

Mademoiselle,

Il faut que je vous avoue que jamais homme ne se trouva plus embarrassé que je le fus, lorsque j’entrepris de vous adresser cette comédie, parce que vous la donner, c’est la donner à tout le monde, et que vous méritez sans doute quelque chose de plus particulier, n’ayant rien en vous que de fort extraordinaire, étant incomparable en tout comme vous êtes. Cependant je me trouve contraint de faire comme les plus grands hommes ont fait, qui, faisant imprimer leurs écrits, ce qui les rend communs à tous, se sont toujours servis des termes "je vous les offre", "je vous les donne", "je vous les dédie", "je vous les consacre", comme s'[ils] ne les eussent donnés qu’à une seule personne, et pourtant vous voyez que c’est en faire un présent à toute la nature. C’est pourquoi j’aurais bien voulu trouver quelque autre moyen, afin que cette comédie pût être à vous seule. Outre que j’aurais eu bien de la joie qu’il n’y eût eu que vous à vous railler de moi et de mes ouvrages, sans être encore exposé à la censure de tout le monde, mais ce qui me console en ceci est, que je me suis raillé de moi-même le premier, ainsi cela ne me surprendra point. Peut-être me direz-vous que ce que je dis est ridicule, j’en demeurerai d’accord, et comme ma pièce se nomme Les Galants ridicules, je prétends que tout s’ensuive, et que l’épître ne déroge point à l’ouvrage. Au reste, si les comédies sont bonnes quand elles font rire, je puis dire que celle-ci n’est pas mauvaise, mais comme quelquefois ces sortes de choses excitent à rire à force d’être méchantes, je ne sais ce que j’en dois croire ; quoi qu’il en soit, je vous la donne comme si elle était meilleure, vous assurant que si j’eusse pu faire un chef-d’œuvre il vous eût été présenté avec autant de zèle et d’affection que cette petite pièce vous est offerte par,

Votre très humble, et très obéissant serviteur,

Chevalier.