Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Manlius</em> Villedieu, Marie-Catherine-Hortense de (1640?-1683) 1662 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1662_villedieu_manlius 1662 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1090067t" target="_blank" rel="noreferrer noopener">Gallica</a>
Français

À Mademoiselle.

Mademoiselle,

Les hommages que votre altesse royale reçoit tous les jours me défendent presque d'espérer que mes respects ne puissent trouver place parmi la foule des illustres adorateurs de votre vertu. Je crains avec raison, ce me semble, d'être étouffée dans cette glorieuse presse. Mais il faut oser quelque chose pour s'acquitter de son devoir, et toutes les augustes qualités de votre personne royale ont fait une si douce violence à notre jeune Manlius que, sans considérer ses défauts, il vient audacieusement se jeter aux pieds de la plus merveilleuse princesse qui soit aujourd'hui dans le monde. En vain je lui ai représenté qu'en ces rencontres, il faut pour le moins être conduit par ces grands auteurs que leur mérite a rendus les rois du théâtre, que dans une si haute entreprise les applaudissements vulgaires sont un faible appui, et que les lumières de votre altesse royale ne trouvent rien qu'elles ne pénètrent.

Il dit que par tout l'univers,

On sait que Manlius était un téméraire,

Qu'il eut toujours ce caractère,

Et dans l'histoire, et dans mes vers,

Et que, dût-il servir mille fois de victime

À l'austère sévérité,

Il veut faire avouer à la postérité,

Que souvent ce n'est pas un crime

Qu'une heureuse témérité.

C'est, Mademoiselle, dans cette pensée qu'il a eu l'audace d'abuser de votre bonté en dérobant à votre altesse royale quelques heures de son loisir, et c'est par ce même mouvement qu'il ose aujourd'hui vous demander l'honneur de votre protection. S'il est si heureux que de l'obtenir, elle lui donnera une vie dans les siècles à venir, beaucoup plus illustre que la vie que je lui ai donnée dans ce poème. Tel a blâmé mon indulgence, qui la trouvera digne d'une louange immortelle, quand il saura que ce héros devait un jour être avoué de votre altesse royale. Après cela n'est-il pas vrai de dire qu'il y a des témérités si heureuses qu'elles ne sont jamais criminelles ? Et ne dois-je pas espérer que, sur un exemple si fameux, il me sera permis de me dire,

Mademoiselle,

De votre altesse,

La très humble, très obéissante, et très soumise servante,

Desjardins.