Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>L'Intrigue des carosses à cinq sous</em> Chevalier, Jean Simonin, dit (16..-1674) 1663 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1663_chevalier_intrigue-carosse 1663 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À Madame de la Châtaigneraie.

Madame,

Je ne sais si vous approuvez le dessein que j’ai pris de vous offrir ce poème, mais j’ose espérer que vous ne blâmerez point mon zèle, quand vous saurez que je vous dédie cette pièce plus par un hommage respectueux que je vous dois que pour vous faire un présent. J’ai tant d’obligations à Monsieur de La Châtaigneraie, votre digne mari, et je sais si peu par où les reconnaître, qu’encore que je vous donne cet ouvrage, je prévois que je lui serai redevable toute ma vie ; de sorte, Madame, que j’ai cru que comme il a fait choix de votre charmante personne pour vous donner ses vœux les plus tendres, je devais aussi vous choisir pour vous donner ce que j’avais pu lui présenter, sachant que vous êtes ce qu’il aime le plus au monde.

Si cette pièce peut passer pour quelque remerciement, à qui puis-je mieux m’adresser qu’à la plus chère partie de lui-même pour la lui offrir ? Je sais bien que ce n’est pas ici un ouvrage digne de vous être présenté, mais ce qui me console, c’est qu’il n’en est point dont le mérite ne soit fort au-dessous du vôtre. Comme il n’est point d’objets qui puissent vous être comparables, aussi n’est-il point d’auteurs qui vous puissent rien donner d’égal à vous. Cependant, Madame, comme j’ai vu cette comédie suivie de quantité d’honnêtes gens, qui n’en sont jamais sortis que fort satisfaits, j’ai moins de répugnance à vous la présenter. Il est vrai que si elle a eu quelques applaudissements, elle vous en doit toute la gloire, puisque la première fois qu’elle parut et qu’elle eut l’honneur de vous attirer, vous en dîtes si obligeamment et si hautement du bien que toute l’assemblée vous l’entendant louer de si bonne grâce, elle ne put s’empêcher d’en faire de même à votre exemple. Je m’imagine encore voir tout ce peuple vous applaudir, et dire en son âme :

Ô Ciel ! Quel objet adorable,

Vient nous ravir tous en ces lieux !

C’est, je crois, le plus grand des dieux,

Oui, c’est l’Amour ou son semblable.

****

Mais las ! que dis-je misérable ?

Je sais que l’amour n’a point d’yeux

Et j’en aperçois ici deux,

Dans le charme est incomparable.

****

Pourtant cette rare beauté

Sut passer pour divinité

Sans rencontrer aucun obstacle.

****

Dès que son visage eut brillé,

Tout le monde cria miracle,

Et resta tout émerveillé.

****

Jugez, Madame, si après un tel ravissement tout ce monde n’aurait pas voulu trouver une occasion aussi favorable que celle que j’ai pour se dire, comme j’ose me dire, avec une soumission respectueuse,

Madame,

Votre très humble, et très obéissant serviteur,

Chevalier.