À Madame de la Châtaigneraie.
Madame,
Je ne sais si vous approuvez le dessein que j’ai pris de vous offrir ce poème, mais j’ose espérer que vous ne blâmerez point mon zèle,
Si cette pièce peut passer pour quelque remerciement, à qui puis-je mieux m’adresser qu’à la plus chère partie de lui-même pour la lui offrir ? Je sais bien que ce n’est pas ici un ouvrage digne de vous être présenté, mais ce qui me console, c’est qu’il n’en est point dont le mérite ne soit fort au-dessous du vôtre. Comme il n’est point d’objets qui puissent vous être comparables, aussi n’est-il point d’auteurs qui vous puissent rien donner d’égal à vous. Cependant, Madame, comme j’ai vu cette comédie suivie de quantité d’honnêtes gens, qui n’en sont jamais sortis que fort satisfaits, j’ai moins de répugnance à vous la présenter. Il est
Ô Ciel ! Quel objet adorable,
Vient nous ravir tous en ces lieux !
C’est, je crois, le plus grand des dieux,
Oui, c’est l’Amour ou son semblable.
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Mais las ! que dis-je misérable ?
Je sais que l’amour n’a point d’yeux
Et j’en aperçois ici deux,
Dans le charme est incomparable.
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Pourtant cette rare beauté
Sut passer pour divinité
Sans rencontrer aucun obstacle.
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Dès que son visage eut brillé,
Tout le monde cria miracle,
Et resta tout émerveillé.
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Jugez, Madame, si après un tel ravissement tout ce monde n’aurait pas voulu trouver une occasion aussi favo
Madame,
Votre très humble, et très obéissant serviteur,
Chevalier.