Transcription Transcription des fichiers de la notice - Préface de <em>Le Cercle des femmes savantes</em> La Forge, Jean de (16..-16..?) 1663 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1663_forge_cercle-femmes-savantes_preface 1663 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

Aux lectrices.

Ce n’est pas sans raison que j’adresse cette préface aux lectrices, puisque cet ouvrage n’est presque composé que pour elles, et que ce n’est qu’à leur gloire que j’ai prétendu travailler, quand je m’y suis appliqué. Mais de peur que ce beau sexe ne m’accuse de l’avoir faite plus grande que le reste du livre, je n’ai que quatre ou cinq avis à donner, mais si nécessaires qu’il ne m’a pas été possible de m’en dispenser.

Le premier est que, de toutes les femmes dont je parle dans mes vers, tant des autres siècles que du nôtre, il n’y en a pas une dont le mérité n’ait éclaté, et dont je ne puisse prouver aisément qu’elle est digne d’obtenir le titre de savante.

Le second, que je n’ai pas eu dessein de renfermer dans ce cercle toutes les savantes de l’antiquité : je ne l’ai tracé que pour celles de notre âge, et si la curiosité des personnes qui le verront s’étend plus loin, elle pourra se satisfaire dans les ouvrages du R. P. Hilarion de Coste, du P. Louis Jacob Carme, de Buxtor, et de beaucoup d’autres qui en ont écrit.

Le troisième, que si j’en ai oublié quelques-unes de ce temps ici, dont le mérite qui ne cède peut-être pas celui à des autres, ne m’a pas été connu, ce n’a point été dans le dessein de faire tort à leur réputation, mais parce que le bruit de leur nom n’est pas encore parvenu à mes oreilles, et que si ce livre réussit assez bien pour m’obliger d’en donner une seconde impression, je ne manquerai pas de réparer mon silence, et de leur rendre justice.

Le quatrième, que ne considérant toutes ces illustres personnes comme savantes, ou comme protectrices des savants, je ne fais aucune comparaison entre elles à l’égard des autres qualités, et ne me suis attaché à aucun ordre pour les nommer que celui que la contrainte des vers, et la diversité des temps, m’ont obligé de suivre.

Et le dernier enfin est que, la douceur et l’élégance de la poésie française ne me permettant pas de me servir de leurs noms propres, j’ai tâché du moins de rendre ceux que je leur ai donnés si particuliers et si remarquables que l’on n’eût pas de peine à les distinguer.

Après ces avis, charmantes lectrices, j’abandonne mes vers à votre censure, et pourvu que vous n’accusiez point mon intention, je vous donne liberté toute entière d’accuser mon style.