À Madame.
Madame,
C’est être sans doute bien hardi, que d’oser offrir quel
Peut-être ce Berger est-il trop téméraire,
De vouloir paraître au grand jour :
Mais comme ce n’est pas un miracle ordinaire
Qu’il vient admirer à la cour,
On lui doit pardonner, s’il quitte son séjour.
Peut-on, Madame, lorsqu’on voit briller tous vos charmes, tenir secrets les hommages que nous devons à votre gloire ? Il est vrai que l’admiration produit le silence, mais quand il a duré quelque
Nous sommes contraints d’avouer,
Qu’il n’est rien qui ne cède à de si douces armes :
Mais si l’on est forcé d’admirer tant de charmes,
Qu’on est aise de les louer !
Aussi, Madame, comme si j’étais prévenu de ces éclatantes vérités, j’ai cru ma vue trop faible pour vous aborder tout d’un coup ; je me défiais de mon ouvrage ; j’en ai donné quelques essais qui n’ont pas été mal reçus et,
Daignez-y jeter ces regards
Si fins, si doux, si redoutables,
Qui partent de ces yeux, que le cœur des Césars
Trouverait sans doute adorables.
Si cette charmante comédie les peut attirer, je ne doute
C’est un berger constant, amoureux, et fidèle,
Il est du plus pur sang des dieux ;
La bergère est illustre, elle est modeste et belle,
Et par tout son esprit brille autant que ses yeux.
On sait, Madame, que vous aimez la chasse, et que ce royal exercice fait un de vos plus doux plaisirs, et vous verrez ici un berger qui fait gloire de cette innocente passion. Vous avez le cœur du monde le mieux fait et le plus noble, et vous y trouverez des
N’ayant pas ce qu’elle désire,
Elle aime le silence, et cherche les forêts ;
Et si son cœur ne peut soulager son martyre,
Du moins il ne saurait le dire
À des confidents plus secrets.
Mais après tous ces beaux sentiments, il est bien juste, Madame, que je dé
Madame,
De votre altesse royale,
Le très humble et très obéissant serviteur,
D. T.