À très illustre, très noble, et très vertueuse dame Madame Renée du Breil, dame comtesse, douairière de Montmoron.
Madame,
J’accuserais d’abord ma muse de témérité d’oser vous présenter un trait de son ignorance, si ce n’est que je sais que comme Daniel garantit la chaste et innocente Suzanne de la mort, à quoi la jugeait la seule malice de deux vieillards convoiteux de sa beauté, vous protégerez cet ouvrage contre la malice des critiques censeurs, c’est assez que votre nom et vos auspices paraissent au-devant de ce travail pour l’exempter d’être la proie et le butin des bizarres esprits du temps, qui ne trouvent que les folies à leur goût et non la sainteté, telle que celle de cette chaste et innocente dame, qui devait être la victime des juges de Babel, sans que la protection divine y opéra. Ce cœur que vous donnez tous les jours à la piété aura non seulement compassion de la disgrâce que l’envie procurait à cette dame, mais aussi s’éjouira-t-il de sa délivrance et de la punition de ses accusateurs, joie à quoi vous porte l’honneur d’avoir été l’épouse de deux véritables soleils de justice et sénateurs de l’illustre Parlement de l’Armorique. Son asile est sans doute assuré sous l’aile de votre nom allié avec les plus illustres familles de Bretagne, dont ma muse vous promet ensuite un plus ample récit. Mais le recevant, pardonnez de grâce au peu de savoir de l’auteur, qui a plus de zèle de vous servir, que de pouvoir de le faire et qui toutefois désire en ce travail vous faire connaître qu’il est véritablement.
De votre grandeur,
Madame,
Le très humble et très obéissant serviteur,
De R. G. N.