Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Le Triomphe de l'amour divin de sainte Reine, vierge et martyre</em> Le Grand, Alexandre, sieur d'Argicourt 1671 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1671_le-grand_triomphe-amour-divin_dedicace 1671 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À la reine.

Madame,

Après avoir salué Votre Majesté, avec toutes sortes de très humbles respects, je la supplierai d’excuser la hardiesse que je prends de lui présenter une reine, qui pour ses admirables qualités, ne devrait avoir du moins qu’un ange pour son écuyer, car je ne saurais mieux m’acquitter de mon devoir, qu’en mettant une si sainte reine entre les mains d'une reine, non seulement la plus illustre, la plus grande, la plus puissante, la plus glorieuse, et la plus heureuse du monde, mais aussi la plus pieuse, la plus dévote, et en un mot la plus accomplie en toutes sortes de vertus qui soit dans l’univers. Oui, Madame, j’ose me flatter que vous excuserez mon audace, s’il plaît à Votre Majesté de considérer que je ne pouvais mieux faire pour vous témoigner mes très humbles respects, ni vous rendant mes hommages vous présenter rien de plus agréable que parfait image d’un amour divin, qui triomphe de la tyrannie du monde et de toutes ses vanités, car Votre Majesté y connaîtra comme dans un miroir toutes ces divines perfections qui vous rendent admirable ; et puisque les arbres même ont témoigné quelque sensibilité à son occasion, et se sont ouverts pour servir d’asile à cette reine persécutée, il me semble déjà que votre cœur royal, enflammé d’un pareil amour, et plein d’une semblable tendresse s’épanouit d’une sainte joie à l’aspect charmant de cette même reine triomphante, que Votre Majesté ravie d’aise de la voir, lui fait l’honneur de la recevoir comme une sœur, qu’elle place dedans son cabinet, pour s’entretenir avec elle de toutes les merveilles de sa vie, et des souffrances étonnantes de son glorieux martyre. Je suis entièrement persuadé que Votre Majesté admirera avec plaisir la force d’esprit, et la générosité de cette jeune héroïne, lorsqu’elle résiste à la violence de ses parents inhumains, et qu’elle combat vaillamment l’amour d’un époux prétendu, et la brutalité d’un tyran, lequel est en même temps plein de fureur et de rage, d’amour et de dépit pour elle, et qu’elle triomphe enfin à la vue de ses ennemis confus, et remplis d’étonnement de se voir vaincus par sa constance ; et que les anges portant ses trophées glorieux, et chantant ses louanges l’enlèvent dans le ciel, pour y régner éternellement avec son divin époux, que Votre Majesté adore continuellement dans son cœur, et dans son âme, et si souvent en public pour donner un exemple digne d’une véritable reine à tout son peuple, comme fit notre glorieuse vierge et martyre, causant la conversion de plusieurs cœurs endurcis, leur communiquant cet amour divin dont elle était enflammée. Votre Majesté imitant donc parfaitement bien le zèle de cette grande sainte, ainsi que le soleil communique sa lumière à tous les astres et flambeaux célestes, faisant éclater cette haute et profonde dévotion qu’elle a pour son créateur, illumine tous ses sujets, et les enflammant du feu divin dont son cœur royal est tout ardent, elle les excite fortement à la suivre dans cette voie sacrée des vertus qui la feront triompher dans l’éternité, régnant doublement sur ces bienheureux sujets, à savoir dans ce monde et dans l’autre, où j’espère avec la grâce de Dieu de vous voir d’autant plus élevée dans la gloire qu’il a plu à celui qui dispose de tout de vous avoir élevée en supériorité sur nous dans cette vie, pour nous faire jouir des douceurs d’un heureux règne. Ce qui me fait croire qu’il ne se trouvera point d’esprit envieux si téméraire qu’il ose encore persécuter cette reine que je mets sous votre sauvegarde et protection, pour lui faire voir le jour sous vos auspices royaux, demeurant avec toutes sortes de très humbles respects,

Madame,

De Votre Majesté,

Le très humble, très obéissant et très obligé serviteur et fidèle sujet, Alexandre le Grand, sieur d’Argicourt, druide.