À son altesse sérénissime Madame la duchesse de Brunswick, Lunebourg, et Osnabruck, etc.
Madame,
On ne s’étonnera point de voir un nom si illustre que le vôtre à la tête de cette comédie : c’est l’ordinaire des auteurs de dédier leurs productions d’esprit à des personnes de haute qualité, et moi Madame, je trouve encore quelque chose de plus, à présenter la mienne à une princesse intelligente comme votre altesse sérénissime. Car si je vous considère du côté de la naissance, je ne vois que des sceptres de tous les côtés, puisque vous êtes fille de roi, sœur d’électeur, et femme d’un des plus grands princes de l’empire. Et si je vous regarde du côté de l’esprit, tout le monde sait, Madame, que vous en avez du plus fin, et du plus délicat, et que sans perdre rien de cette haute majesté, qui vous accompagne, vous des charmes, et des agréments dans la conversation qui vous font admirer de tout le monde, mais qui ne serait ravi, Madame, d’entendre tant de belles choses de la bouche d’une des plus belles personnes de l’univers, je ne continuerai point à faire le portrait de votre altesse sérénissime, il faut un bien plus fort génie, que le mien, pour en exprimer tous les traits, et toutes les perfections. Je me contenterai d’en être l’admirateur avec une infinité d’autres, et de demeurer dans les termes d’un profond respect, qui n’a rendu pour jamais,
Madame,
De votre altesse sérénissime,
Le très humble, et très obéissant serviteur,
D. C. de Nanteuil.