À Madame la duchesse de Bouillon.
Madame,
Je ne dirai point à votre altesse que j’ai balancé longtemps avant que d’oser mettre son nom à la tête de cet ouvrage. De quelque témérité dont elle accuse la pensée que j’en ai eue, j’avoue que je n’en ai jamais eu d’autre. J’avais besoin d’une grande protection et la générosité, qui vous est si naturelle, me donnait lieu d’espérer que je pourrais obtenir la vôtre.
D’ailleurs, Madame, on sait que votre altesse s’est si fort déclarée pourArgélie, qu’elle est en quelque façon obligée à la soutenir. On sait que vos applaudissements ont fait tout son prix ; que les larmes dont vous l’avez honorée, lui ont attiré tous les suffrages qu’elle a reçus ; et enfin qu’elle ne vaut que ce que vous l’avez fait valoir.
En effet, Madame, les esprits les plus délicats ont mieux aimé avouer avec vous, qu’elle était digne de leur estime, que de s’opposer au jugement que vous en aviez fait. C’est ce qui m’a engagé à vous l’offrir, pour la faire approuver de tout le monde ; et pour vous donner une marque publique de ma reconnaissance, et du profond respect avec lequel je suis,
Madame,
De votre altesse,
Le très humble et très obéissant serviteur,
Abeille.