Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Phèdre et Hippolyte</em> Pradon, Nicolas (1632-1698) 1677 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1677_pradon_phedre-hippolyte 1677 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À Madame la duchesse de Bouillon.

Madame,

Souffrez qu’Hippolyte sorte aujourd’hui du fond de ses forêts, pour venir rendre hommage à votre altesse. Bien que ce prince fût le plus habile chasseur de son temps, son adresse aurait cédé sans doute à celle que vous faites admirer si souvent à toute la France dans ce noble exercice, et il aurait été charmé de vous y voir avec tout cet éclat et cette grâce qui vous accompagnent toujours. Ne vous étonnez pas, Madame, s’il vous paraît dépouillé de cette fierté farouche et de cette insensibilité qui lui était si naturelle, mais en aurait-il pu conserver auprès des charmes de votre altesse ? Enfin si les anciens nous l’ont dépeint comme il a été dans Trézène, du moins il paraîtra comme il a dû être à Paris, et n'en déplaise à toute l’Antiquité, ce jeune héros aurait eu mauvaise grâce de venir tout hérissé des épines du grec dans une cour aussi galante que la nôtre. Ce n’est pas, Madame, que votre altesse ne pénètre admirablement toutes les beautés des anciens. Outre le mérite de sa personne et l’éclat de son rang, elle possède encore, au-dessus de celles de son sexe, des avantages plus solides du côté de l’esprit, puisque, si je l’ose dire, elle sait puiser dans leurs sources les beautés d’Horace et d’Ovide, et des plus célèbres auteurs dont elle nous pourrait donner des leçons. On sait d’ailleurs, Madame, que votre altesse ne juge jamais des ouvrages par cabale, ou par prévention, mais toujours avec un discernement si juste, accompagné de tant de pénétration et de délicatesse, et dans une si grande droiture de raison, qu’elle ne laisse rien à répondre aux plus entêtés. Ce sont ces raisons, Madame, qui ont forcé Hippolyte à venir vous rendre ses respects, et vous remercier des bontés dont votre altesse l’a déjà daigné honorer au théâtre : il vous en demande la continuation sur le papier ; heureux s’il peut avoir l’honneur de vous plaire une seconde fois ! Quoi qu’il en soit, je lui aurai toujours l’obligation d’avoir servi de prétexte à mettre votre illustre nom à la tête de cet ouvrage pour rendre témoignage à toute la France des obligations que je vous ai, et du profond respect avec lequel je serai toujours,

Madame,

De votre altesse,

Le très humble et très obéissant serviteur,

Pradon.