À Madame la première Présidente.

Madame,

On aurait lieu de s'étonner qu'un prêtre, au temps de la Passion, entreprît de donner la tragédie aux dames, si cette tragédie n'était celle de la mort de Théandre, ou la Mort et la Passion de l'Homme Dieu, si le prêtre n'en était le ministre, dans la représentation qu'il en fait journellement au très saint sacrifice de la messe, et si vous n'étiez la première présidente à la dévotion de ces sacrés mystères.

Étant donc fondé en raison, Madame, je ne crains point de vous la présenter, puisque c'est le sujet de vos récréations ordinaires, désirant que ce soit une occasion aux autres dames de vous imiter en cet exercice chrétien et catholique.

C'est, Madame, un accord des quatre évangélistes et un fidèle extrait des registres de ces grands secrétaires, car je n'ai fait que couvrir ce beau corps du manteau de poésie et ajouter des rimes à la raison.

Mais comme je crois, sans me vanter, en vous l'offrant, faire des actes de prudence et de justice, puisque j'ai choisi un sujet qui vous est agréable et que je vous rends, en cela, ce qui vous appartient, j'espère aussi que vous me ferez grâce, le recevant bénignement et me croyant avec respect,

Madame,

votre très humble et très obéissant serviteur

François Chevillard, prêtre d'Orléans.