À Madame la princesse douairière de Conti.
Madame,
Si c'est une témérité de composer à quinze ans une tragédie, c'en est encore une bien plus grande d'oser la présenter à votre Altesse sérénissime, mais, Madame, je me flatte que sa bonté lui fera excuser les fautes que ma jeunesse et mon peu d'expérience peuvent avoir faites, et qu'elle voudra bien ac
Cette augustre protection,
Fait toute mon ambition.
Si ma Muse a de quoi vous plaire,
Je n'aurai plus de vœux à faire.
Des censeurs pour jamais je serai garanti,
Et je ne craindrai point leur inutile rage,
En mettant le nom de Conti
À la tête de mon ouvrage.
En effet, Madame, ce nom désarmera les plus critiques et je me tiendrai toujours assuré de l'approbation générale, si je puis mériter
Celle d'une auguste princesse
Qui fait du monde entier le plus bel ornement
Et qui sait joindre un goût plein de délicatesse,
Un juste et vif discernement,
Une force d'esprit aussi rare que belle
Avec le corps le plus charmant,
Dont jamais la nature ait formé le modèle.
Mais, Madame, je n'entreprends point de fatiguer votre Altesse sérénissime par des louanges que sa modestie lui fera toujours rejeter ; je laisse ce soin à des plumes qu'un âge plus mûr et plus avancé a rendues plus savantes que la mienne, et je ne leur disputerai jamais d'autre gloire que celle d'être avec un profond respect,
Madame,
de votre Altesse sérénissime,
le très humble, très fidèle et très obéissant serviteur,
D. L. G.