À une dame de distinction pour servir de préface à cet ouvrage.
Madame,
Dès la naissance du monde jusqu'à notre siècle
Les Anciens ont appelé la poésie le langage des dieux.
Les démons mêmes, singes fameux de la divinité, ont affété de se rendre considérables par des oracles rimés afin d'imposer plus agréablement.
On croit chez quelques rabbins que le démon tentateur de la première femme lui chanta fleurettes en vers pour insinuer plus facilement le menson
Quoi qu'il en soit, il est vrai de dire que les siècles ensuite ont fait gloire de transmettre à la postérité leurs pensées plutôt par les vers que par la prose.
Bélus, le plus célèbre successeur des enfants de Noé, faisait porter devant lui, par une espèce
Je suis dans l'univers
Pour dompter les pervers.
Ninus, successeur de ce grand empereur son père, qui donna tout le premier l'idée auguste de l'Empire des Assyriens, ne dégénéra nullement de son esprit, soit
La passion dominante de ce premier conquérant du monde, 1944, dans la première ville de son Empire, Babylone, que les Turcs appellent aujourd'hui Bagdad, fut de s'immortaliser par l'architecture et les vers pour
À cet effet, héritier de l'esprit de ces fameux ambitieux qui voulurent escalader le ciel, fit bâtir le plus superbe temple qui fût jamais et l'enrichit de dix mille inscriptions en vers, qui publièrent tous les hauts faits de guerre de son père et les siens propres. Il donna à ce temple magnifique les plus excellents poètes de son temps pour sacrificateurs et les obligea de composer
Par l'adresse de cette ambition, la poésie reçut un lustre extraordinaire et commença d'être consacrée.
Mais comme cet empereur ne donnait point de bornes à son ambition, la poésie n'en eut point, pour son bonheur. Ninus pensa qu'une nouvelle ville de son nom, sous le gouvernement des poètes, serait bien de
Ninive l'emporta par-dessus Babylone en mille magnificences, dont la plus célèbre fut une académie royale à former la jeunesse assyrienne en l'art des vers.
De là est venue l'idée du Parnasse et des neuf sœurs, que neuf jeunes demoiselles de qualité et d'esprit représentaient par leurs talents en poésie dans Ni
Les peuples ensuite extrêmement grossiers tournèrent en idolâtrie ce culte innocent des poètes, singulièrement les Égyptiens
Leurs esprits, pourtant, amateurs des belles choses sut démêler la poésie de la superstition et s'en servir uniquement pour l'immortalité de la gloire. Ils inventèrent des pyramides et des obélisques qu'ils chargèrent de vers à l'égyptienne, c'est-à-dire par hiéroglyphes, à dessein d'instruire de leurs sentiments les nations à venir.
Les Grecs merveilleusement curieux à expliquer les hiéroglyphes des Égyptiens en développèrent les mystères et s'en firent un plaisir qu'ils appelèrent l'art nouveau de la poésie.
Cet art enchanta les plus grands génies de leur siècle. Anacréon y réussit à mirable pour le lyrique, Sophocle pour le tragique et enfin Homère pour l'épique.
Ces trois illustres Grecs
Horace a imité Anacréon, Sénèque a été le fameux disciple de Sophocle et Virgile celui d'Homère.
Par le mérite de ces trois auteurs, la poésie s'est rendue comme adorable partout et s'est faite aimer, singulièrement en Italie, en France et en Espagne, et il est
C'est l'esprit de cette vé
Cet ouvrage fut imprimé à Lyon par Michel Duhan libraire et fit le plaisir de deux éminentis
Ce que je fis pour lors en latin à l'âge de vingt-cinq ans, je le fais aujourd'hui en français, au-dessus de soixante-dix, à l'égard d'une dame qui a l'intelligence de l'une et l'autre langue, pour agréer mon zèle et
Madame,
de votre excellence,
le très humble et très obéissant serviteur, De Sérizanis de Cavaillon, chanoine théologal de la sainte église d'Aix.