À son altesse sérénissime Madame la princesse de Conti, douairière.
Madame,
Que je serais heureux, si j’avais assez de force et de délicatesse dans mes productions, pour apprendre au public tout ce que vous doit ma reconnaissance. Votre altesse sérénissime a eu tant de bontés pour moi, qu’il me serait difficile de les exprimer, et j’en fus accablé avant que d’en pouvoir remarquer l’étendue. Lorsque j’eus l’honneur de vous lire
Mélicerte, vous daignâtes me rassurer, vous me donnâtes des applaudissements, et dès ce même moment, vous m’honorâtes de votre protection. Jamais la joie n’avait trouvé plus de sensibilité dans mon âme, et je m’estimais trop heureux de n’avoir plus de sensibilité dans mon âme, et je m’estimais trop heureux de n’avoir pas déplu à la princesse la plus délicate et la plus éclairée. Cependant, Madame, votre altesse sérénissime voulut mettre le comble à ses bontés, après avoir entendu lire
Mélicerte, elle en parla à Monseigneur si favorablement qu’elle eut l’honneur de paraître devant lui à Fontainebleau, elle en prit le parti et la décision avantageuse qu’elle en fit ferma la bouche à mes critiques. Je ne puis oublier ici l’accueil favorable que vous fîtes aux deux contes de Fées que j’eus l’honneur de vous présenter à Fontainebleau, et la bonté avec laquelle vous receviez les petits vers que j’offrais quelquefois à votre altesse sérénissime. Je sais, Madame, que l’on ne devrait exposer à vos yeux que de ces compositions sublimes, et hors du commun. Mais si mes expressions n’ont pas été relevées, du moins leur simplicité doit-elle faire connaître le respect du poète. La grâce que je demande à votre altesse sérénissime, c’est de me permettre de donner au public les vers qu’elle a daigné recevoir. Il est de mon devoir de le faire, et de ma gloire de me dire, Madame, avec tout le respect possible,
De votre altesse sérénissime,
Le très humble, très obéissant, et très respectueux serviteur,
Guérin.