Mélicerte.
Heureux amusements d’une muse naissante,
$$$ Osiez-vous espérer un si rare bonheur ?
$$$ Muse, cet excès d’honneur
$$$ Surpasse de loin votre attente.
Et comment pourriez-vous être reconnaissante ?
$$$ Je le sais, vous avez du cœur :
$$$ Vous voudriez avec ardeur,
$$$ Reconnaître la faveur
$$$ D’une princesse bienfaisante.
Mais pour de tels efforts vous êtes impuissante ;
Soyons justes, n’ayons jamais de vanité.
Quoi vous flatteriez-vous de louer la princesse ?
$$$ Vous parleriez de sa bonté,
$$$ De sa générosité,
$$$ De son esprit, de sa délicatesse,
Mais ce serait à vous trop de témérité,
Vous avez pour cela, muse, trop de faiblesse,
$$$ Retournons à nos chalumeaux,
$$$ Chantons sous les tendres ormeaux ;
Les plaisirs d’un berger aimé de sa bergère.
Mais renonçons à des sujets trop hauts ;
Entreprenons ce que nous pouvons faire.
En voulez-vous suivre mon sentiment ?
$$$ Montrez-lui votre jugement,
$$$ Et votre reconnaissance,
En gardant là-dessus un modeste silence.
Vous voulez cependant faire un remerciement.
Hé bien donc dites-lui respectueusement,
$$$ Le destin ne m’est plus sévère,
$$$ Il m’en a coûté des soupirs,
Pour me le rendre moins contraire,
Mais si ma pastorale, au gré de mes désirs,
A le bonheur de ne vous pas déplaire,
Le destin met le comble à mes plus doux plaisirs.