Contre une grand-mère fée,
Une bergère aimable faite au tour,
Disputa longtemps l’autre jour,
Et la dispute avait l’une et l’autre échauffée :
$$$ La jeune disait hautement,
$$$ Qu’à votre bonté sans égale,
Les bergers de Tempé devaient assurément
$$$ Le succès de leur pastorale,
Que cela méritait du moins un compliment :
$$$ Qu’entreprends-tu folle jeunesse ?
Continua la fée, et quel aveuglement ?
Toi la remercier ! connais mieux ta faiblesse :
Mes contes, tu le sais, ont pendant quelque temps
$$$ Occupé ma grande princesse ;
Je veux lui témoigner, dans l’ardeur qui me presse,
Que s’ils lui font plaisirs tous mes vœux sont contents.
Pour mettre fin à leurs querelles,
Je leur fis concevoir, que jusqu’à ce moment
Ne vous ayant donné que quelques bagatelles,
Elles devaient penser plus sérieusement
À faire choix de matières plus belles.
C’est en vain que vous vous flattez,
Leur dis-je, il faut se rendre un peu plus de justice.
Songez à mériter les charmantes bontés
$$$ De votre illustre protectrice :
Ce discours sérieux fit un prompt changement,
$$$ L’une et l’autre en ce moment
S’adoucit et reprit sa douceur ordinaire :
$$$ Oui, dirent-elles galamment,
Nous suivrons toutes deux cet avis salutaire.
$$$ Entre mille projets fameux,
Il n’en est qu’un capable de nous plaire,
Et la princesse seule est l’illustre matière
Qui peut fournir de ces sujets pompeux.