À très généreuse, très noble et très vertueuse dame Madame de Talmant, etc.

Madame,

Je ne prétends pas vous faire un présent quand je prends la liberté de vous offrir mon Alexis, et que je vous conjure de le recevoir et de l’agréer. Je vous demande une grâce pour un vagabond, mais cessera de l’être, s’il est aujourd’hui assez heureux pour éprouver en votre maison les effets de cette bonté qui vous est si naturelle, et que vous pratiquez si généreusement envers ceux-là mêmes qui ne l’oseraient espérer, ou s’il se laisse encore une fois emporter au désir de s’éloigner, ce ne sera plus que pour apprendre à tout l’univers tant de rares qualités que vous possédez si avantageusement à la confusion de toutes celles de votre sexe, et pour faire connaître à tout le monde qu’il marche désormais à la faveur de la plus aimable et plus vertueuse personne qui fut jamais. C’est pour obtenir un si glorieux aveu qu’il se vient donner à vous avec toute la passion et le respect dont il peut être capable, sa chère Olympie l’accompagne en cet hommage : vous la recevrez favorablement je m’assure, puisqu’avec beaucoup de vérité l’on peut dire que c’est la vertu qui se veut mettre en la protection de la vertu, car comme cette noble partie la rendit autrefois le prodige de son siècle, tant de généreuses inclinations, qui vous sont communes avec cette illustre romaine vous rendent aujourd’hui la merveille du nôtre, et cette bienheureuse immortalité qu’elle possède ne sera pas moins quelque jour le prix de votre mérite, qu’elle est à présent sa récompense. Ce sont les souhaits de tous ceux qui ont l’honneur de vous connaître, et ce sont les vœux les plus ardents et les plus passionnés de celui qui borne son ambition en la qualité glorieuse,

Madame,

De,

Votre très humble, très obéissant et très affectionné serviteur,

Desfontaines.