Venu sur l’Hélicon, séjour des Cythérides,
J’ai tâché d’animer mes esprits trop timides
$$$ $$$ Des douceurs du vallon ;
J’ai convoqué les sœurs puis j’ai touché la lyre
Instrument des concerts et la voix du bien dire
$$$ $$$ Du divin Apollon.
$$$ Phœbus aux blonds cheveux me paraissant propice
Et souple à mon vouloir m’a rendu le service
$$$ $$$ Que souhaitait mon cœur :
Et m’a peint en beaux vers les grandeurs d’une race
Dont il a souvent vu fleurir sur le Parnasse
$$$ $$$ L’héroïque valeur.
$$$ Vois-tu, ce m’a-t-il dit, ces braves Alexandres
Dont tout bon souvenir doit honorer les cendres ?
$$$ $$$ Observe-les à l’œil,
$$$ Car ce sont des Césars dont toute l’Armorique
Admire les hauts faits et le cœur héroïque
$$$ $$$ Sous le beau nom du Breil.
$$$ De ces héros jadis les monarques de France
Honoraient les exploits de belle récompense
Ce que fit Henri II,
Qui tira de ce nom pour vaincre dans la guerre
Des maréchaux de camp qui par toute la terre
$$$ $$$ Parurent généreux.
$$$ Sous ses enfants François, Charles et Henri même
La gloire des du Breil fut une gloire extrême
$$$ $$$ Par leurs commandements.
Ils se virent avoir par l’ordre de ces princes
Des villes et châteaux les plus beaux des provinces
$$$ $$$ Pour leurs gouvernements.
$$$ Mais voyons de plus loin la force du génie
Qui donne à ce beau sang une gloire infinie
$$$ $$$ En Olivier du Breil,
Qui du temps de leurs ducs était de la province
Procureur général et l’oracle du prince
$$$ $$$ Par son sage conseil.
$$$ Dans ses dignes conseils il avait l’âme discrète
Et des ambassadeurs était l’interprète
$$$ $$$ Sous quatre souverains.
L’un des ducs l’honora (digne choix d’un grand prince)
De juge universel de toute la province
$$$ $$$ Pour ces faits plus qu’humains.
$$$ Non le seul Olivier, mais Roland de justice
Fit encor de son temps un fameux exercice
$$$ $$$ Président à Bordeaux,
Quand Charles établit, monarque pacifique,
Un nouveau Parlement pour toute l’Armorique
$$$ $$$ Par ses édits nouveaux.
$$$ Ce Roland fut élu par le même monarque
Pour premier Président, comme l’histoire marque,
$$$ $$$ De ce sénat naissant :
Juge aimé, juge craint, juge très équittable
Que la vertu rendait juge recommandable
$$$ $$$ Ainsi bien que son sang.
La Reine après sa mort (leur dernière duchesse)
Prit de Roland du Breil la garde de noblesse
$$$ Et le fit élever :
Comme étant petit-fils de cet illustre juge
Roland le Président, que pour un bon refuge
$$$ $$$ Chacun venait trouver.
$$$ Considère de plus, me dit-il, leurs puissances
Et comme ils sont entrés dedans les alliances
$$$ $$$ Des plus grands de l’État :
En celle d’Acigné sang issu de leurs princes
Dont on sait les grandeurs dans toutes les provinces
$$$ $$$ Et puis en Quebriac.
$$$ Avec du Bois-Eon, en nouvelle alliance
Depuis que la Bretagne est unie à la France.
$$$ $$$ Enfin ce digne nom
Fleurit en tous cantons autant qu’en l’Armorique
Comme le nom d’un sang qui n’est point tyrannique
$$$ $$$ Mais plein de bon renom.
$$$ Ne cherche pas si loin pour dépeindre leur gloire,
Tes yeux en sont témoins ainsi que ta mémoire
$$$ $$$ En ceux qui sont vivants :
Du Breil excelle encore et ce nom honorable
Semble être maintenant dans un heur perdurable
$$$ $$$ Pour les gouvernements.
$$$ Dinan en est témoin, ville qu’on sait conduite
Par du Plessis de Rays, seigneur de grand mérite
$$$ $$$ Son digne gouverneur,
Homme très excellent, doué d’un grand courage
Qui tient du nom de Breil les vertus en partage
$$$ $$$ Et qui chérit l’honneur.
$$$ Vois-tu, me dit Phœbus, cette famille ornée
Des belles qualités que l’on voit en Renée
$$$ $$$ Dame de Montmoron ?
Dans sa viduité cette aimable comtesse
Sait joindre le cœur humble avecques la noblesse
$$$ $$$ Et la dévotion.
$$$ Elle est du nom du Breil la perle et l’excellence,
Son excellent esprit et la grande prudence
$$$ $$$ Ainsi que sa grandeur
Captivent tous les cœurs ; sa beauté les seconde
Mais le plus agréable aux yeux de tout le monde
$$$ $$$ C’est le haut point d’honneur.
$$$ Elle passe en tous cœurs pour comtesse honorable
Sa piété la rend dame recommandable
$$$ $$$ À la postérité.
Elle suit ses aïeuls, elle imite sa race
Et des plus nobles cœurs ensuit aussi la trace
$$$ $$$ En générosité.
$$$ Touché de ce récit et d’un si grand mérite
De votre illustre nom je voulus faire élite
$$$ $$$ Pour ma protection.
Jetant les yeux sur vous, Soleil du parentage,
J’ai pris la liberté de tracer un ouvrage
$$$ $$$ Propre à dévotion.
$$$ Il ne peut voir le jour que sous vos auspices,
Orné de vos vertus il sera les délices
$$$ $$$ Des beaux esprits du temps ;
Les critiques censeurs n’oseront le reprendre ;
Enfin sous votre nom ce travail pourra rendre
$$$ $$$ Tous les esprits contents.
$$$ Madame, en l’agréant, donnez-lui quelques places
Dans votre cabinet et dans vos bonnes grâces
$$$ $$$ Dont il chante l’honneur ;
Protégez ma Suzanne elle vous en invite
Et vous aurez un jour part à son grand mérite
$$$ $$$ Et même à son bonheur.
Ainsi soit-il.