Santonici Decus, Anna soli Marepnica praeses,
Edita sceptrigeris Francorum regibus, atque
Purpureis sociata toris qua Gallia fortis,
Anglia dives opum Germaniano nobilis arte,
Et qua vitiferos extendit Tarraco finest
Cujus origo dedit patriae qui fortibus armis,
Et meliori animo cum majestate praessent.
Cerne eia, et da audere, manus post oscula, Scoto
Quaerenti quae prima tuae fundamina laudis,
(Nam, mihi crede, viam jam jam affectare Olympo
Pars hominum, fucus quos titillavit honoris,
Si modo prosapiae potirentur origine tantae)
Num regum generosa seges ? Num taeda jugalis,
Quam decorant Reges, quae ipsos decorat quoque Reges ?
Est aliquid meruisse torus regumque, ducumque,
[XXX] Regum preclaro sanguine nasci :
Sed laus prima tibi mens divinæ æmula laudis,
Nosse Deum Christumque Dei tua gloria prima,
Cladem arcere piis, fraudem importare profanis :
Quamvis veræ pietatis imagine vulgus
Deliret, Comitum, Jehovæque negarit honorem,
[XXX] Anna soli, serique nepotes.
Amplexum sancire volunt vel sanguine foedus.
Felices animæ quas hæc sentent cepit !
Hinc Annam veteris celebravit pagina legis,
Hinc Annam æterni decoravit pagina Christi.
Hinc Annæ Comitis vitæ donata tabellis
Nomina, et in terris æquæva encomit mundo.
Anne, l’heur et l’honneur de la gent insulaire,
À qui tu fais la loi comme à ton tributaire :
Qui, du tige des rois descendant avec eux
A vu sous même hymen accouplés tes aïeux
Des comtes d’Angoulême ayant pris ta naissance,
Tu fus jointe en ta race aux plus grands rois de France
Par un Rudel de Pons : et outre aux rois anglais,
Aux princes allemands, aux rois aragonais.
Ton heureuse origine et donne l’être et vie
Aux plus grands pour régir par armes leur patrie.
Or sus, vois l’Écossais venant sous ton aveu
Humble te saluer en son poétique vœu.
Enhardi mon dessein, recherchant de ta gloire
La cause et les effets sacrés à la mémoire.
Car maints jaloux d’honneur, maints cocus ambitieux
Se frayeraient la voie à monter dans les cieux
S’ils étaient descendus d’une si noble race.
N’est-elle pas aussi cette royale masse
Où la moisson des Rois et le saint lit heureux
Qui, les rois décorant, est décoré par eux ?
C’est beaucoup d’être digne entre tous de la couche
Des princes et des rois : et sortir de leur souche
Est bien encore plus. Mais ton plus grand honneur,
Qui te vient du saint los que tu rends au Seigneur,
Est qu’en te connaissant, tu l’aimes et révère[s]
En croyant à son Christ. Ta gloire non dernière
Est de vivre si bien qu’en régnant dessus nous,
Le méchant soit puni, et l’innocent absous.
Et bien que le commun s’abuse en sa créance,
Ayant pour elle au cœur un zèle sans science,
N’honorant comme il doit, ni Dieu, ni ses seigneurs :
Anne, l’honneur de Pons, et ses saints successeurs
Rendront leurs vœux à Dieu, aux rois leur juste hommage :
Et plutôt qu’y faillir faudra leur dernier âge.
Ô bienheureux esprits, épris de ces ardeurs,
Qui, fermes, engravez ce dessein dans vos cœurs !
Anne au vieil Testament fut de là célébrée,
Anne dans l’Évangile est de là décorée :
Anne notre Comtesse acquiert de là son los
Et au livre de vie à son beau nom enclos.
A. M. S. de. F.