Transcription Transcription des fichiers de la notice - Poème de <em>La Soltane</em> Bounin, Gabriel 1561 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable de projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1561 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

ODE A LA REINE.

Reine, descends, ores prends terre,

Car jà par le destiné sort

Heureusement surgit à port

Cette nef qui flottait de belle erre :

Descends donc et l'accroche

Au croc de cette roche.

Oui, je dis, cette nef flottante

À si heureux port que tu as,

Séant sur la pile du mât

Par la tempête nef froissante,

Guidé sans craindre orage,

Ou péril de naufrage.

Cette nef, las, c'est notre France,

Qui, forçant les lois du destin,

Vivant en jour sous l'incertain,

Sous l'aile d'une défiance,

A rompu par outrage,

Les sains droits d'hôtelage.

L'un veut voguer vers Sarmatie,

Et l'autre en poupe ayant le vent

Veut cingler devers le Levant,

Les autres devers la Scythie,

Ainsi la nef de France

Du havre loin devance.

Mais toi lors voyant ce navire

Par les vents, à vau-l'eau poussé,

Jà des flots étant tout froissé ;

Aux vents ne servant que d'un gyre

Dont s'en jouait Borée,

Dessus l'onde voirrée ; 

La poupe était déjà froissée,

Les antennes, et le voil' bas,

Jà était décrollé le mât,

Et la proue des flots brisée,

Poussée à vau les ondes

Par les vagues profondes ;

Lors tu t'es mis' dans la carène,

Avecques tous tes enfants rois,

Et le tout-pouvant Navarrois,

Ne craignant d'Aquilon l'haleine

Qui les navires verse,

Et sus dessous renverse.

Et ainsi de ta main agile,

Toi du nef la plautre guidant,

Les syrtes marins ne craignant

Qu'ils froissassent ta nef débile,

N'aussi que la sirène

Encharmât ta carène ;

 

Ô reine, reine débonnaire,

Du nef, tu as, à sûreté,

En la rade l'ancre jeté,

Voulant de naufrage soustraire,

De tout mal et outrance,

Le navire de France.

Oui, tu as apaisé les flottes

Et rallié tous nos François

Par la France épars en desrois,

Cherchant argument de révoltes,

Voulant par leur rebeine

Mettre la France en ruine.

Tu as par l'heur de ta faconde

Accoisé les flots écumeux

D'aucuns François séditieux

Tell'ment que tu es seule au monde

De notre pauvre France

Le pavois et la défense.