À la reine de Navarre.
Madame, voyant la plupart des Français tâcher à vous témoigner par tous moyens, le plaisir qu’ils reçoivent de votre tant souhaité arrivée à la cour, pour l’heur, repos et contentement qu’ils en espèrent, et désirant les accompagner en une si sainte volonté (encore que beaucoup d’incommodités qui interrompent mes petites études m’aient empêché de vous présenter chose nouvelle digne selon mon désir de votre grandeur), si n’ai-je su si bien retenir mon affection, qu’elle ne se soit enhardie de mettre en lumière, et vous offrir cette petite tragi-comédie, laquelle a déjà reçu tant de faveur de vous, Madame, dès le temps qu’il plut au roi votre mari me recevoir à son service, que je crois que ne la dédaignerez point, ayant plus d’égard selon votre coutumière bonté au saint sujet d’icelle, qu’à la mécanique de mes vers, et manque
Madame, Dieu par sa bonté et miséricorde vous continue et entretienne ses grâces, confirme et corrobore vous et votre règne en perpétuelle félicité.
De Paris, ce 9 août, 1561.
De votre Majesté le plus que très humble et très obéissant serviteur à perpétuité,
A. D. L. C.