Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Holopherne</em> Amboise, Adrien d' (1551-1616) 1580 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1580_amboise_holoferne 1580 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À haute et vertueuse dame Madame de Broon, d'Aucaleuc, St Michel du Bois, Challain, etc., fille de feu d'heureuse mémoire messire François de Scépeaux, seigneur de Vielleville, comte de Durtal, maréchal de France, et gouverneur de Metz et pays messin.

Madame,

Il y a quatre ans ou environ qu'étant en votre maison de Saint Michel du Bois, vous me fîtes cet honneur de me commander vous faire lecture de la Tragédie de Judith, où je connus que vous prîtes quelque plaisir, non tant pour l'ornement du vers, auquel j'ai employé plus de naturel que d'artifice, tâchant de rendre presque mot à mot le texte de l'Écriture Sainte, que pour le sujet qui est grave et plein de bonne doctrine, représentant au vif la sagesse, le chaste et invincible courage d'une dame assistée de la grâce de Dieu, pour mettre à chef un acte mémorable qui sert de perpétuelle instruction au peuple fidèle. Et après que vous en eûtes reçu l'avis de quelques gentilshommes bien favorisés de Minerve, qui eurent patience de me l'ouïr réciter, disant qu'à leur jugement elle méritait plutôt excuse que blâme, vous me fîtes commandement de la communiquer au public, ce que j'eusse fait dès lors, n'eût été quelques considérations particulières qui m'en ont détourné jusques à présent, d'autant que je savais fort bien que quelqu'un peut-être me reprocherait qu'un autre à mon déçu a pourtrait de couleurs héroïques cette Judith que j'ai mieux aimé animer sur le théâtre, et que ce que je puis avoir fait en ceci n'a garde d'approcher aux mérites et perfections de semblables ouvrages qui autrefois sont sortis du magasin de mon frère aîné, que vous savez avoir assez bonne part en la grâce de toutes les neuf Muses. Mais ce qui a plus eu de pouvoir sur moi à la publication de ce livret, ç'a été la mémoire que j'ai toujours eu de votre commandement, n'ayant excuse valable pour m'exempter de cette obéissance que je vous ai vouée toute ma vie. Mêmement que ceux qui, pour lire ce poème sacré, laisseront la vanité des feintes amoureuses, èsquelles la plupart des bons esprits d'aujourd'hui se perd et consomme, vous en pourront savoir bon gré, et contempleront dans cette Judith, les vertus divines qui reluisent en Madame la Marquise d'Épinay votre sœur et en vous, comme dedans deux glaces de cristal de roche unies et bien polies.

Madame, je supplie le Créateur vous donner en très parfaite santé très heureuse et très longue vie.

De Paris, ce 24e jour d'avril,

Votre très humble et très obéissant serviteur,

A. d'A.