À très vertueuse et excellente dame, Madame Claude de Chivré, dame de la Patrière.

Madame, d'autant que ce berger que j'amène en France est étranger de nation, non originaire de ce pays, il craignait qu'en ce temps tout plein de défiances et de menées il ne pût avoir libre accès par les villes où il désirait passer, s'il n'avait répondant, personne de marque, qui certifiât de son obéissance et fidélité. À cette occasion il s'adresse à vous pour vous supplier, Madame, de le recevoir de bon œil, comme en toute humble révérence il se vient présenter à vous, à ce que votre nom lui serve de passeport et sauf-conduit par tous les endroits de ce royaume où son destin et sa fortune le porteront. L'heureux accueil qu'il a reçu au lieu de sa naissance lui fait espérer que quelque part qu'il voise, portant sur son front une fidélité mémorable, il sera toujours le bienvenu. Mais à vous plutôt qu'à nul autre il a désiré s'offrir, tant pour l'assurance qu'il se promet sous l'autorité de votre nom, qui êtes alliée à une infinité de marquis, comtes, barons et autres grands seigneurs de France, que pour le bon visage qu'il reçut de vous le premier jour que vous le vîtes ; afin aussi qu'il vous soit un gage éternel de la part de celui qui vous le dédie, du service qu'il vous désire rendre, et à tous ceux qui vous appartiennent ; étant, comme une infinité d'autres, engagé par des liens invisibles de votre débonnaireté et courtoisie à demeurer toute sa vie,

Madame,

Votre très humble et obéissant serviteur.